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Mazarinade n° A_7_14

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Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : A_7_14.


qu’elles se vantent de vouloir remettre. Et toutes ces guerres
de Bien public se terminent ordinairement par vne paix de
Bien particulier. Les Princes les commencent lors qu’ils ont
quelque mécontentement, & les finissent dés le moment
qu’ils ont eu satisfaction, cependant que les peuples qu’ils ont
engagez dans leur malheur, y demeurent long temps apres
eux : de façon qu’on peut dire d’eux à l’égard des peuples, ce
que Solon en disoit à l’esgard de leurs Fauoris, qu’ils les traitent
comme des iettons, que l’on iette aussi tost que l’on a
trouué son compte, ou bien ce qu’en disoit Diogene, qu’ils se
seruoient de ceux qui leur faisoient la Cour, comme de bouteilles
qu’on éleue soigneusement au plus haut des planchers
tant qu’il y a quelque chose dedans, mais que l’on casse aussi
tost qu’elles sont vuides. Ainsi dans le regne de Charles VI.
le Duc de Bourgongne Philippe excitoit tantost des seditions
dans Paris, & tantost il aydoit au Roy à les punir. Et son fils
Iean qui suiuoit les mesmes maximes, eut bien de la peine à
ne pas succomber luy-mesme aussi bien que tous ses Conseillers
sous la fureur du peuple, à qui il auoit mis les armes à la
main, & qui ne pouuoit plus supporter sa tyrannie. Ainsi dans
la guerre du Bien public du temps de Louys XI. la paix ne
tourna qu’au profit des Ducs de Bourgongne, de Bretagne,
de Berry, & de Bourbon, pendant que les peuples, & beaucoup
de particuliers furent oubliez. Sur quoy Philippe de
Commines dit qu’il n’y eust iamais de si bonnes nopces qu’il
n’y en eust de mal disnez. La guerre de la Ligue ne finit qu’alors
que Monsieur de Mayenne vid qu’il ne pouuoit se faire
Roy de France ; & Monsieur de Mercœur qu’il ne se pouuoit
faire Duc de Bretagne. Et apres que Henry IV. eust changé
de Religion, il ne laissa pas d’y auoir encore des partis, pour
monstrer que ce n’auoit pas esté pour la Religion qu’ils auoiẽt
esté formez. Sous la regence de la feüe Reyne-Mere il sembloit
que les Princes se renuoyassent l’esteuf les vns aux autres,
a fin qu’apres qu’vn auoit fait du bruit, & qu’il auoit esté
appaisé par quelque douceur, l’autre en fist aussi tost de mesme
pour en auoir autant. Cependant les peuples n’en sont
point encore desabusez ; & si quelqu’vn veut faire parmy eux
ce qu’il a ouy dire que faisoit le Balaffré, s’il leur dit vn mot à