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Mazarinade n° D_1_19

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Anonyme [1649 [?]], QVESTION, S’IL Y DOIT AVOIR VN PREMIER MINISTRE dans le Conseil du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_2950. Cote locale : D_1_19.


sçauant à toutes sortes d’occurrences, qui n’eust rien
à cœur que le bien du Prince, de l’Estat, & de la Patrie,
qui ne visast qu’à rendre à vn chacun ce qui luy
appartient, & qui ne resout iamais rien, ny par chagrin,
ny par colere, nous pourrions opiner en sa faueur :
mais toutes ces vertus ne se sçauroient trouuer
en vn mesme Suiet, que par miracle.
 
De sorte que pour empescher les desordres qu’vn
homme trop auant dans la fortune, & dans le credit
du Prince, pourroit susciter dans vne Monarchie,
afin d’assouuir vne passion insatiable, il est tres-important,
pour le Prince & pour l’Estat, que sa Majesté
les considere tous également, & qu’il ne donne
pas plus d’authorité à l’vn qu’à l’autre.
L’on me repartira encore, comme on a desia fait,
dans quelques autres Libelles, que tous les Fauoris
ne sont pas d’vne nature si peruerse, & que le Ministre
d’Estat, principalement celuy qui est capable de soulager
le Prince en la conduite de ses affaires, & qui le
sçait appuyer de ses bons conseils, contre tout ce qui
se pourroit opposer à la felicité de son Regne, est à
la personne du Souuerain, ce que l’obiect aimé est à
l’amant, ou pour mieux dire, ce que les facultez de
l’ame raisonnable, sont à cette admirable viuifiante.
Que le Prince & le Ministre sont tellement attachez
ensemble, par vne consequence de necessité, qu’on
ne sçauroit les desunir sans crime. Que qui choque le
Ministre necessaire au Souuerain, ne choque pas seulement
l’obiet de la plus legitime de toutes ses passions ;
mais qu’il choque encore vne personne qui
luy doit estre sacrée. Que c’est vne confusion d’interests
si grande, que le bien de l’vn se trouue tout confondu
en la nature du bien de l’autre.
Enfin, que c’est veritablement vn appuy, sans l’aide
duquel le Monarque demeureroit accablé sous la pesanteur
de la charge. Que pour viue & pour forte que