[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_8_29

Image de la page

Anonyme [1649], RAISONNEMENT SVR LES AFFAIRES PRESENTES, & leur comparaison auec celles d’Angleterre. , françaisRéférence RIM : M0_2970. Cote locale : A_8_29.


propres troupes vengeassent le Roy & le public.
 
Outre cette cause surnaturelle, il y en a vne autre de mauuaise conduite,
qui a beaucoup contribué au malheur des Parlementaires de
Londres. Qui est qu’ils ont payé d'ingratitude leurs Generaux d’armée,
comme le Milord d’Essex qui auoit rompu la glace, & plusieurs
autres, & qu’ils ont refusé toute sorte d’vnion auec la Noblesse, qui
estoit attachée de sang ou d’interest à la personne du Roy. Par là ils
n’ont pa seulement augmenté le nombre de leurs ennemis, mais encore
ont rompu ce lien qui les attachant à leur Prince, empeschoit
cette dissolution des parties, qui forment le corps & la tranquillité d’vn
Estat : Car la veritable Noblesse, qui ne peut souffrir l’insolence des
Fauoris, ny la tyrannie des mauuais Ministres, ne souffre pas aussi le
mespris & l’eneantissement des Monarques, ausquels ils ont vne pareille
dependance que les rayons au Soleil. Il y a vne telle distance entre
le peuple & le Souuerain, qu’ils ne peuuent s’entendre. Et la timidité
de l’vn & la grandeur de l’autre empeschent souuent des accommodements,
qui seroient faciles, s’il y auoit des Arbitres, qui eussent
quelque attachement aux deux Partis, Cela manquant au peuple de
Londres, il s’est porté à des extremitez, iusques à destruire vne ancienne
Monarchie, & condamner son Prince à vne eternelle prison.
Fairfax leur General detestant d’abord, ou du moins feignant de detester
cette iniustice, secoüe l’obeïssance du Parlement, se saisit de la
personne du Roy, emprisonne deux cent testes du Parlement, & donne
la Loy à toute l’Angleterre ; Mais il n’est pas si-tost en cét estat victorieux,
qu’il est contraint de suiure les maximes du Parlement qui est
tombé par les mesmes raisons que ie viens de deduire.
Ores la vraye Noblesse n’estant point capable de ces violences & de
ces infidelitez, nous ne deuons pas craindre vn semblable succez de
nostre querelle, puis que nous auous de nostre party des Princes du
Sang Royal, & des Seigneurs qui ont de si grands attachemens aupres
du Roy, & tant de Iustice & de zele pour le bien des peuples,
qu’il est impossible que le malheur des Anglois tombe sur la France.
Outre que le Parlement de Paris, bien loin d’opprimer les peuples &
leurs libertez, qu’il n’est armé que pour la deffendre ; bien loin d’en
vouloir à la personne Royale, que son plus grand desplaisir est de le
voir obsedé de ses ennemis ; & enfin bien loin de forcer les consciences
& d’attaquer la Religion, qu’il a desia obligé le Clergé à se declarer &
à leuer les armes pour sa defense. Ie ne parle point des Religionnaires,
qu’on ne contraint pas comme on faisoit les Catholiques en Angleterre,
& au contraire, qu’on tasche de deliurer comme le reste des
François, de la Tyrannie d’vn Espagnol, qui estoit capable d’introduire
l’Inquisition, que sa Nation a inuentée pour la gesne desconsciences.
Lissuë du Combat ne peut estre aduantageuse aux Princes de Sainct