Mazarinade n° E_1_38

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Anonyme [1649], RELATION FIDELE DE CE QVI S’EST PASSÉ DE PLVS remarquable au Parlement. Depuis le 10. Feburier 1649. iusques au premier de Mars ensuiuant. , françaisRéférence RIM : M0_3170. Cote locale : E_1_38.

LE Parlement de Paris desirant entretenir vne parfaite
vnion & correspondance auec Messieurs du Parlement de
Normandie, & celuy de Prouence, establie & confirmée
par les Arrests de ladite Cour des 28. Ianuier, 5. & 19. Feburier
derniers, a estimé qu’il ne se deuoit rien passer en public, ny traiter
aucune deliberation importante dans la Compagnie sans en
donner aduis à ses Deputez, afin de conseruer cette reciproque intelligence
entre des Compagnies également interessées au bien de
l’Estat, & à la tranquillité publique.
Comme le Cardinal Mazarin a veu que les affections du Peuple
estoient entierement reünies pour la defense de la Ville de Paris,
& toutes sousmises aux ordres du Parlement, il a creu que le meilleur
moyen d’affoiblir cette conduite, estoit d’en oster l’intelligence
en jettant les semences de la diuision : Le Cheualier de la
Valette fut choisi comme le plus fidele emissaire du Cardinal, pour
insinuer cette mes intelligence dans les esprits capables de se laisser
surprendre à ces fausses persuasions, & disperser en public des
Placarts imprimez capables d’exciter vne sedition, & souleuer les
Peuples contre l’authorité legitime du Parlement. Le Cheualier
de la Valette fut surpris par des Bourgeois, jettant ces Placarts
dans les ruës, le Ieudy 11. de ce mois, à vnze heures de nuict, il fut
arresté par les Bourgeois, & mené prisonnier à la Conciergerie du
Palais. Le Parlement a deputé des Commissaires pour l’interroger,
& vaquer à l’instruction de son procez, en laquelle on a iugé
à propos de ne rien precipiter, à cause des complices, que l’on ne
peut descouurir qu’auec vn peu de temps.
Toute la suite de l’affaire fait assez connoistre que le Cardinal
Mazarin est l’autheur de cette supercherie, digne d’vn esprit artificieux
comme le sien : Mais sa conuiction a paru toute entiere pat
vne Lettre de Cachet enuoyée de S. Germain, laquelle faisant aduoüer
au Roy les pratiques & menées du Cheualier de la Valette,
iustifie clairement que c’est luy qui en a donné les ordres, ayant
encor le Seau à sa deuotion, & les Secretaires d’Estat dans sa dependance.
Le Vendredy matin 12. de ce mois, le Capitaine qui commandoit