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Mazarinade n° B_5_56

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Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.


pas beaucoup d’ordre, parce qu’il m’est impossible d’y en mettre,
ne pouvant les rapporter que selon que je m’en sou viens.
 
Picard quatre ans devant sa mort me donna vn papier cacheté
en forme de petit paquet long d’vn doigt, pour serrer en ma Cellule,
avec promesse de ne l’ouvrir qu’apres son deceds. Ie le dis
dés le lendemain à M. Langlois : & comme je le cherchay apres
pour le luy donner, n’ayant fait que le mettre sur ma table le jour
de devant, jamais je n’en pû rien trouver. Il ne fut trouvé que le
jour de son decez, qu’il parust sur ma table. Mais comme je l’allois
porter au mesme M. Langlois je fus traisnée violemment des
Demons jusques dans la vieille despense, où il y avoit du feu ; &
ils ne me laisserent point jusques à ce que je l’eusse jetté au feu, où
il fut brûlé. Ie l’ouvris neantmoins auparavant, je trouvay qu’il
n’estoit plein que de poil noir, n’y pouvant remarquer aucune
autre chose.
Vn jour je trouvay au coin de mon chevet de lict trois petites
fueilles de chesne roulées ensemble, desquelles ouvertes sortirent
plusieurs petites bestes noires, que je jettay par la fenestre, & qui
ne laissoient pas de rentrer toûjours par vne fente de la mesme
fenestre fermée. Elles ne parurent plus quelque temps apres, &
je ne sçay ce qu’elles devindrent, ni qui m’avoit apporté ce beau
meuble.
Ie me souviens que Picard ayant vne fois dit la Messe, comme
on eust repassé les ornemens au dedans, en prenant le corporau,
on vid tomber vne Hostie en la Sacristie qui est vers les Religieuses.
On l’en avertit, & il dit qu’on la luy donnast. Elle luy fut donc
repassée au Parloir d’en-bas, & je vis que se baissant, il la mit le
long de la grille au lieu où il estoit. Ie ne sçay s’il l’y laissa. Mais
depuis ce temps là j’ay toûjours ressenty beaucoup de peine de
m’approcher de M. Langlois pour luy dire mes peines ; & j’ay
toûjours soupçonné que c’estoit quelque charme qu’il avoit fait.
C’a esté pendant ce temps que j’écrivis au Pere Benoist Capucin,
vne partie de mes tourmens dans certaine Lettre, qui me fut
emportée du Demon avant que je l’eusse signée, & le Demon ne
laissa pas de s’y mesler luy mesme comme je l’écrivois. Mon
Confesseur trouve bon que je la mette icy : elle est écrite en ces
termes : Mon reverend Pere, vôtre benediction, s’il vous plaist ; Depuis
vôtre depart je suis extremement tourmentée, & plus que