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Mazarinade n° C_10_17

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.


le secret, ils ont pris subiet d’en faire vn chef d’accusation contre moy, quoy que les
iudicieux voient fort bien que ces intelligences n’alloient qu’au bien general de la
France : Qui auoient encores cest effet, outre celuy que ie viens de remarquer, que
i’attirois par ce moyen de tres-grandes sommes de deniers des coffres de nos ennemis,
dont le Royaume profitoit, & particulierement ceux employez aupres de
moy pour le seruice du Roy, ausquels donnant cette liberté de receuoir ouuertement
ces pensions, cette tolerance apportoit ce bien à l’Estat, que par ce moyen
ils ne mandoient rien au Conseil d’Espagne, qu’ils ne me l’eussent communiqué
auparauant : Au lieu que si i’eusse voulu empescher ce commerce, & que ie n’eusse
tesmoigné estre du party aussi bien qu’eux, ils m’eussent si bien caché leurs pratiques,
que ie n’en eusse eu aucune cognoissance ; Et qu’au lien que ie profitois pour
la conduite de l’Estat de ce qu’ils mandoient au Roy d’Espagne, la France à cause
de ces intelligences, en eust receu vn notable dommage : puis que ceux qui sont employez
dans les grandes affaires ont remarqué cette maxime, qu’il est impossible,
quelque diligence qu’on y puisse apporter, qu’ils n’ayent tousiours quelques vns de
ceux qui sont aupres d’eux, qui n’ayent des secrettes pratiques auec ceux du party
contraire : Et ainsi ne loüera-on pas mon adresse, non seulement par mes artifices
d’auoir attiré en France les Finances d’Espagne ; mais mesme d’auoir espargné les
profusions qu’il falloit faire chez les ennemis, pour pratiquer de nostre part ces
intelligences auec eux : puis que sans m’en mettre en peine, elles m’estoient descouuertes
iournellement sous pretexte de fauoriser leur party.
 
Resp.
Si ie n’ay pas empesché l’effet de l’entreprise de Naples, qui auoit cousté tant de
peine au defunct Cardinal de Richelieu, en retardant le secours destiné pour y enuoyer ?
Si ie n’ay pas fait surprendre Monsieur de Guise entre les mains de nos ennemis ?
Et si lors que ie fus congratuler Madame sa mere du secours que ie luy preparois,
ie n’auois pas receu les nouuelles de sa prise ?
29. Int.
Que c’est le seul poinct où i’ay renuersé à dessein les entreprises de Monsieur le
Cardinal de Richelieu. Et ce qui m’a excité à ce faire, a esté ce que i’ay appris de
l’Histoire, que les desseins sur l’Italie n’auoient iamais apporté aucun profit aux
François, & qu’il falloit necessairement que les esprits, & la conduite de ceux de
ce Royaume cedassent à cette nation subtile & guerriere tout ensemble ; au lieu
que les habitans de la France doiuent aduoüer, s’ils veulent recognoistre la verité,
que ce climat ne leur octroye que la derniere de ces deux qualitez, & qu’il faut
qu’ils obseruent religieusement cette maxime, de n’attaquer iamais ceux de cette
nation sans tres-grande necessité : puis que ce n’est pas tout d’entreprendre & d’auoir
des desseins de conquerir, mais qu’il faut pour estre estimez iustes & raisonnables,
qu’ils reçoiuent quelque apparence dans leur execution. D’où vient que
l’on ne doit trouuer estrange, si ie n’ay iugé à propos d’attaquer le Roy d’Espagne
du costé qu’il est le plus fort ; non plus que si ayãt sceu la prise de Monsieur de Guise,
ie ne l’ay si-tost voulu declarer à Madame sa mere, dautant que ie fus bien aise de luy
tesmoigner auparauant quelque affection pour sa famille, afin de me maintenir en
ses bonnes graces, vn Ministre deuant auoir cette adresse de se conseruer s’il peut
tous ceux qui sont en quelque consideration dans le Royaume, ce qui retoürne au
bien & à l’vnion de l’Estat.
Resp.
Si ie ne suis pas la cause de la mort du Roy d’Angleterre oncle de sa Majesté,
ayant continué indiscretement les pratiques que le defunct Cardinal de Richelieu
y auoit commencées, pour allumer la guerre en ce Royaume ?
Que i’ay receu la nouuelle de cette mort auec douleur ; & que ie n’en dois estre