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Mazarinade n° C_10_17

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.



Que cette accusation seroit bonne à proposer à vne personne qui tiendroit vn
moindre rang dans l’Eglise ; mais qu’en estant vn des Princes, i’ay pû me dispenser
(quoy que disent les Canonistes au contraire) de toute tache de simonie, ainsi
que i’ay apris d’vn tres-subtil Politique.
Resp.
Si ayant pris le soin de faire diuertir le Roy & sa Cour par les Comediens que ie
lui ay fait venir d’Italie, & les somptueux balets qui ont esté dancez deuant sa Majesté
par mon ordre, ie n’ay pas souffert qu’il y receust de tres-mauuaises instructions
par les discours scandaleux que tenoient les Acteurs, & par leurs actions qui n’estoient
le plus souuent que maquerellage de l’vn & l’autre sexe ?
39. Int.
Qu’il en va autrement de l’instruction des ieunes Princes que des autres enfans,
parce que les vns ayans à gouuerner vn Estat & viure auec les meschans aussi bien
qu’auec les bons, il est à propos qu’ils cognoissent le mal, comme le bien, dont
ceux qui ne sont de cette condition peuuent se dispenser dans leur vie particuliere.
Resp.
Quelles sont les maximes desquelles ie me suis serui pour administrer l’Estat ?
40. Int.
Que i’en ay declaré vne partie en me iustifiant des accusations qui me viennent
d’estre objectees en l’interrogatoite que ie preste. Que pour les autres elles dependent
de la Politique secrette, qu’il importe au bien de l’Estat de tenir cachee, parce
qu’elle paroist plus insuportable aux peuples qui ne sont versez en cette science, de
laquelle mesme pour cette raison ie me suis abstenu de parler en mes Responses,
quoy qu’elle eust pû me seruir extremement pour iustifier mes actions & ma conduite.
Resp.
Si affectionnant le bien de l’Estat, comme ie dis, ie n’eusse pas mieux fait de
retourner en Italie pour rendre le repos à ce Royaume que ie lui oste par ma presence ?
41. Int.
Que ie ne pourrois faire vn plus grand preiudice à l’autorité du Roy & de la
Reine, & que ce seroit mesme prolonger les troubles du Royaume : parce que
donnant cet aduantage aux peuples de m’esloigner pour leurs plaintes, ils ne manqueroient
pas lors qu’ils auroient conceu vne pareille indignation contre celuy qui
me succederoit de susciter les mesmes émotions qu’ils ont fait en ce temps contre
moy : ce qui arriueroit indubitablement, puis qu’a ce qu’ils tesmoignent, ce n’est
pas tant ma personne qu’il leur desplaist, que la façon de laquelle ie conduis l’Estat.
D’où vient que tous ceux qui sont auiourd’huy proche de leurs Majestez & qui ne
manqueront pas d’artifices pour s’y maintenir, estans nourris dans les mesmes maximes,
il est impossible que l’Estat change de conduite, & par consequent que les
sujets de plaintes pour les peuples cessent si l’on n’y apporte vne autre remede, &
qu’il ne leur soit puissamment resisté ; de sorte que pour le bien de l’Estat, i’ay iugé
mon restablissement d’vne telle consequence, que i’ay conseillé à la Reine de
plutost hazarder la Couronne de son Fils, que de ne pas tirer raison de l’injure qui
m’est faite, & de ne me restablir au rang que ie tenois dans le Royaume.
Resp.
Si i’entends prendre droict par les informations qui ont esté ou seront faites
contre moy ?
42. Int.
Que ires volontiers, pourueu qu’elles ne contiennent autres choses que les
chefs sur lesquels on me vient d’interroger.
Resp.