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Mazarinade n° E_1_81

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.


Ensuit le Memoire enuoyé par le Cardinal Mazarin
à son Confident, ou l’Interrogatoire qu’il s’est fait ;
Accompagné de ses Responses.

PREMIEREMENT, Interrogé de mon Nom, & de ma Qualité ?
1. Int.
Ie respondray, que ie m’appelle Iulles Mazarin. Et quant à ma qualité, que
ie porte le tiltre de Cardinal de la saincte Eglise Romaine, & grand Ministre du
Royaume de France : laquelle dignité de Ministre tenant le premier lieu dans l’Estat,
apres le Roy, me rendroit independant de quelque iurisdiction que se pust
estre, n’estoit que ie me submets volontairement à celle du Premier Parlement du
Royaume, dans le desir que i’ay de faire paroistre mon innocence aux yeux de toute
la France, contre toutes les accusations, que la liberté du temps a fait éclater contre
moy, & dans l’asseurance que i’ay que ce Parlement, instruit de la verité de mes
intentions, ne degenerera pas de son integrité ordinaire, pour me rendre la iustice
que i’attends.
Resp.
De mon Origine, & de mon Pays ?
2. Int.
Que ie tiens à gloire d’auoir pris naissance de Mazara ville de Sicille : parce qu’estant
des dependances du Royaume d’Espagne, celuy de France m’est d’autant plus
particulierement obligé, si quittant les interests de mon Roy naturel, i’ay laissé
mon pays pour me donner entierement à ce Royaume.
Resp.
De mon Pere, & de mon Extraction ?
3. Int.
Que ie m’estonne comme mes ennemis ont voulu prendre aduantage, de ce que
la fortune de mes parents ne correspond pas à la mienne, & se soient fort estudiez
à chercher les moyens d’auilir ma famille : veu que c’est le plus grand honneur
qu’ils me puissent faire, puis qu’ils font voir par ce moyen, que comme vn autre
Ciceron, le rang que ie tiens n’est deu qu’à mon merite, & que ie suis d’autant plus
digne de le conseruer, que ie l’ay acquis par mes seuls artifices.
Resp.
Quels biens ma naissance m’a donné : combien il m’en est escheu par donation,
succession, ou autrement ?
4. Int.
Que ie ne rougiray iamais de dire, que ie dois tous les biens que ie possede à la liberté
du Roy : & quoy que veritablement sa recognoissance ait esté grande en mon
endroit, i’ose neantmoins me vanter que la Reyne m’a souuent tesmoigné que les
trauaux & les soins que ie prenois pour le Royaume n’estoient pas suffisamment
recompensez à l’occasion des necessitez de l’Estat.
Resp.
Si dans ces seruices, que i’ay rendus à l’Estat, i’ay tousiours correspondu au rang
que la Reyne m’a donné en son Conseil, & à la fidelité qu’vn premier Ministre
d’vn Royaume doit à la Couronne qu’il sert ?
5. Int.
Que les personnes qui ont esté dans l’employ des grandes affaires en rendront
tesmoignage pour moy ; & puis dire iustement, que par ma subtilité, i’ay mis les affaires
à vn tel point qu’il n’y a que moy qui puisse y donner vn heureux succez, par
la continuation de mes artifices ; & tout autre qui en verroit les intrigues, sans en
sçauoir le secret, croiroit que i’ay ioüé à tout perdre en quantité de rencontres, où ie
feray neantmoins voir l’aduantage euident de la France.
Resp.