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Mazarinade n° D_2_6

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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE ET CHRESTIENNE REMONSTRANCE A LA REYNE REGENTE. Sur les mal-heurs presens de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3807. Cote locale : D_2_6.


la protection de vostre main, qu’vn Conseil malheureux a osé
armer pour sa ruine ; Ce sont les vertus, les vœux & la pieté
que cette Ville enferme, ce sont les Cloistres & les Vierges, les
Autels, les Hospitaux & les Temples, & tout ce qui se treuue
de plus innocent & de plus sacré, qui sollicitent la pieté d’vne
Reyne ; laquelle ayant fait paroistre iusques à maintenant tant
de zele & de constance au seruice de Dieu, doit veiller iusques à
la perte de sa vie, à la conseruation de tant de bonnes ames,
comme autant de thresors, de graces & de saincteté que Dieu
luy a voulu confier : Enfin c’est la France toute entiere, laquelle
abbatuë sous le faix d’vne si longue guerre, toute chargée
des playes que luy ont fait ses Ennemis, n’ayant plus en son
corps de partie qu’elle puisse dire saine que son cœur, conjure
vostre Majesté par tout ce qu’il y a de plus sensible à vne mere,
& de plus cher à vne Regente, de ne luy point donner ce dernier
coup, dont vostre main la menace : Et comme elle publie
hautement qu’elle ne veut se conseruer de vie, que pour vous ;
C’est à vostre bonté d’arrester le coup, qui la faisant mourir, la
reduira dans l’impuissance absoluë de rendré à vostre Majesté,
les seruices qu’elle luy a voüé.
 
VOVS ne pouuez pas ignorer, MADAME, que vous
n’estes que depositaire du Royaume, & que dans peu d’années
vous vous verrez obligée d’en rendre compte au Roy vostre
fils, & à Dieu à la fin de vos iours. Or vous sçauez que pour
lors sa Iustice (qui n’aura plus de veuë ny de choix pour les
Couronnes & pour les Sceptres) ne pourra plus estre esblouïe
de l’esclat de la pourpre, ny surprise par le Genie d’vn Ministre,
ny intimidée par les menaces d’vn jeune victorieux, ny
arrestée par l’authorité d’vne Regence : Cette pensée vous doit
rendre sensible aux miseres de cet Estat, lequel se voyant au
terme d’estre partagé par mille sortes de diuisions, vous conjure