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Mazarinade n° A_1_47

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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : A_1_47.


fortune penchante de vostre Royaume, nous nous trouuons
obligez de iustifier nostre conduite à V. M. & à toute
la France. Nous serions inconsolables, si nous ne croyons
auoir satisfait à tout ce que la Iustice & la Prudence desiroient
de nous, pour éuiter ou esloigner l’accident où nous
sommes tombez ; l’vn & l’autre nous ont obligez de mettre
la main au soulagement de vos Peuples, qui succomboient
sous le faix, afin d’empescher leur ruine ou leur reuolte.
Mais à l’esgard du Cardinal Mazarin, qui estoit coupable
de leurs souffrances ; si la Iustice demandoit la punition de
sa tyrannie, la Prudence nous portoit à la dissimuler, comme
nous auons fait.
 
Nous sçauons bien que le crime d’vsurpation est de la
qualité des passions violentes, qui se rendent maistresses
des ames qui les reçoiuent ; & que pour peu qu’il soit consommé,
les loix sont trop foibles pour le chastier. Ceux
qui entreprennent sur la puissance du Souuerain ne manquent
pas d’imiter ce fameux Sculpteur, qui graua si artistement
son image dans la statuë qu’il destinoit au public,
qu’il estoit impossible de l’en oster, sans mettre l’ouurage
en pieces. Les Vsurpateurs de l’Authorité du Prince
s’attachent si fort à sa personne & se rendent si necessaires
dans ses affaires par leur adresse, qu’il est presque impossible
de les en separer, sans causer vne conuulsion tres-perilleuse
à l’Estat ; & comme ces maux sont presque incurables,
quand ils ont pris racine pour peu que ce soit, les
Sages en attendent la guerison plutost de la seule Prouidence
de Dieu que de leur conduite ; Ainsi nous nous sommes
veus deliurez deux fois par sa main propice de ces maladies
mortelles ; & nous eussions attendu vn pareil secours sans
agir contre le Cardinal Mazarin, non pas mesme dans cette
occasion, si nous n’y eussions esté contraints pour nostre justification
& pour vostre seruice.
SIRE, aussi-tost que vostre Parlement eut la nouuelle
de vostre sortie, qui sembloit plutost vn enleuement que
le depart d’vn Roy de sa Ville Capitalle ; & que nous eusmes
veu la Lettre écrite aux Preuost des Marchãds & Escheuins,