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Mazarinade n° A_1_47

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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : A_1_47.


auoit abondamment versées en vostre naissance ; vostre Parlement
estima ne vous pouuoir rendre vn seruice plus important,
que de ioindre ses suffrages à ceux de la Nature & de toute
la France, pour commettre à la Revne vostre Mere le gouuernement
de vostre Personne & de vostre Estat Il ne douta
point, qu’elle n’eust tousiours pour vous & pour vos Sujets
des entrailles de Mere, & en toute sa conduite vn esprit
Royal suiuant son extraction.
 
Il estima sur tout, que pour maintenir la liberté legitime,
qui fait regner les Roys dans le cœur des Peuples, elle ne permettroit
iamais qu’aucun particulier s’estendist en trop grande
puissance au preiudice de la Souueraine ; pource qu’elle
sçauoit par les lumieres que Dieu donne aux Ames qu’il destine
pour regit ses Estats, combien ses establissemens sont
contraires aux vrayes regles de bonne police, en toute sorte
de gouuernements, & specialement aux Monarchiques, qui
ont pour loy fondamentale, qu’il n’y ait qu’vn Maistre en titre
& en fonction ; de sorte qu’il est tousiours honteux au
Prince & dommageable à ses Sujets, qu’vn particulier prenne
trop de part ou à son affection ou à son authorité, celle-là deuant
estre communiquée à tous, & celle-cy n’appartenant
qu’à luy seul.
D’ailleurs vostre Parlement auoit sujet de croire, que la
propre experience de la Reyne vostre Mere luy seroit vne garde
fidelle, pour la guarentir de cét accident ; ayant veu pendant
le temps de son mariage en deux notables exemples du
Mareschal d’Ancre & du Cardinal de Richelieu, combien
l’éleuation d’vn sujet en trop grande faueur & authorité
auoit esté difforme, iusques à quel point elle auoit esté redoutable
au Roy & intolerable à ses Peuples.
Elle auoit veu sous le gouuernement de ces puissances les
plus saintes Loix violées, les Compagniès les plus celebres
auilies, les personnes de toutes conditions opprimées, sans respecter
les Royales, non pas mesme la sienne & celle de la feuë
Reyne vostre Ayeulle. Bref il n’y a rien eu de si sacré qu’elle
n’ait veu profaner par leur insolence & leur ambition, ni rien
de si cher à l’Estat qu’elle n’ait veu consacrer à leurs interests.