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Mazarinade n° B_1_4

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Anonyme [1651], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES FAITES AV ROY, DANS SON AVENEMENT EN SA MAIORITÉ. Sur les desordres de l’Estat & restablissement d’vn premier Ministre. , françaisRéférence RIM : M0_3836. Cote locale : B_1_4.


ces premiers Ministres que l’ambition portera à vouloir
monter au haut de vostre Trosne, & y prendre place enfin si
vostre Maiesté veut monstrer la grandeur de sa paissance, & de
ses forces, que ce soit seulement contre les ennemis declarez de
l’Estat, & contre les Estrangers, lors qu’ils seront si hardis que de
vous faire que que iniure, soit en voulant enuahir vos terres, soit
en entreprenant sur vostre Estat & droits de vostre Couronne,
soit en troublant le commerce, soit en attaquant vos alliez ; Mais
s’il arriuoit que vostre Maiesté establissant vn premier Ministre,
ou souffrant le negoce des traitans (ce que Dieu ne veuille) vn
premier Ministre sur prenant vostre bonté, abusast de vostre authorité,
pour faire violence a vos subjets, & les opprimer, & que
des Traictans s’en fussent seruy, pour faire valoir le Monopole,
& ruiner vos peuples, Receuez leurs plaintes, faites leur Iustice,
tirés comme le Soleil vne nuée deuant vostre face, qui auroit
paru irritée à vos peuples, par l’artifice, & l’interest de ce Ministre
& de ces Traictans, & versez en des eaux de benedictions sur
vos sujets, c’est à dire, seruez vous de vostre bonté naturelle, &
faites leur sentir les iustes effets de vos graces, retirez les de la
persecution, reuoquez ces nouuelles impositions, & reparez les
torts qu’ils auront soufferts ; Mais s’il arriuoit que pour leur malheur
ils se fussent tellement oubliez, que de vous donner vn
iuste suiet de plainte, aggreez leur repentir, & leurs penitences,
Receuez les en vostre grace, interposez encores vne fois entre
le visage de vostre Maiesté, duquel ils ne pourront soustenir la
colere, & eux, Vne nuée, & la fa tes couler sur leurs testes penitentes,
c’est à dire appellez vostre clemence au secours de vostre
Iustice, laquelle tempere vostre authorité, & se coule en eaux
de misericorde sur vos peuples.
 
Enfin le Soleil ne souffre point de compagnon, sa lumiere fait
faillir ce le de tous les autres Astres, au moins elle l’obscurcit,
& le Ciel n’admet point deux Soleils : car outre que cette multiplication
n’iroit pas seulement à la diminution de la gloire de cét
Astre, mais à sa destruction, elle causeroit la ruine de la nature
vniuerselle.
Sire vostre Majesté est vn Soleil à l’Estat, l’esclat des Princes &
grands Seigneurs de la France disparoit en vostre presence,