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Mazarinade n° C_8_35

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B. B. G. [1649], SALADE EN RESPONCE A LA SAVLCE AV POVLET Par B. B. G. , françaisRéférence RIM : M0_3573. Cote locale : C_8_35.



De mon cœur ? mais helas ! ta trop grande foiblesse
Ne te doit pas pousser d’entreprendre si haut,
Si tu ne veux aussi passer pour vn lourdault :
Tu feins de te mocquer, tu fais semblant de rire,
Tu fais là le gausseur en disant qu’on m’admire,
Tu voudrois deguiser, cette grande ferueur <l>Qui te brusle, & te rend presque tousiours resueur,
Tu voudrois faire voir que ton cœur & ton ame
Sont desnuez d’amour ; mais, helas ! cette flame
Qui te va consommant, qui desseiche ton corps,
Monstre que le dedans dément bien le dehors,
Il ressent ce que peut de l’amour la puissance,
Et fait voir qu’en dehors tu n’es rien qu’apparence,
Chacun cognoit tres-bien la grande affection
Que tu as pour mon nom, & que ta passion
Te gesne, & fait souffrir vn mal insuportable,
Et quoy que tu voudrois, qu’on te creut vray semblable
A tout ce que tu dis, si est ce que pourtant
On recognoit par trop ce qui te va charmant,
Tu desirerois bien que d’vne humeur follastre,
Ie puisse contenter ton desir trop bigeastre,
Tu te croirois en fin au comble de l’honneur
Et croirois posseder tout le plus grand bonheur
Q’on sçauoit desirer, mais ma grande iustice
Te laissera tousiours dans ce cruel supplice ;
Car tu ne cognois pas, qu’vn orgueilleux esprit
Aupres d’vne dondon n’aura point de credit,
Chez elle ses discours passeront pour friuoles,
Elle rebutera iusqu’aux moindres paroles,
Si tu desire donc de me bien contenter
Apprends que dans l’amour il faut tout suporter,