[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_10_6

Image de la page

B.,? [1649], LES SENTIMENS DV VRAY CITOYEN, SVR LA PAIX & vnion de la Ville. Par le Sieur B. , françaisRéférence RIM : M0_3657. Cote locale : C_10_6.


plustost que de l’erreur populaire. Quoy qu’il en soit nous auons veu ces iours passez
que les Chefs du Parlement & les deux premieres testes de cét-Auguste Corps,
n’ont peu s’exempter des atteintes de la calomnie, & que leurs desseins sont deuenus
suspects pour vne Conference particuliere, en laquelle toutesfois s’ouurirent les
premieres notions de la Paix, & les plus seurs moyens d’y paruenir, c’est vne verité
maintenant auerée, & quoy que dans le temps & dans la cause qu’ils soustiennent
ils ne soient tenus de se iustifier qu’auec Dieu, il est neantmoins équitable de les
iustifier deuant les hommes, & de ne les point priuer de leur recognoissance & de
leur amour, parce que leurs desmarches ont tousiours esté moderées & conuenables
à la pesanteur de leur ministere, & que comme des Dieux, ils ont regardé tous
les temps & consideré toute choses, cette haute sagesse n’a pas trouué les esprits tous
fauorables ny capables de la cognoistre chacum s’est meslé de l’expliquer, peu de
gens se sont mis à leur place pour raisonner de leurs fonctions, & n’ont point apperceu
que dans la conioncture du temps, ces Princes du Senat sont aussi bien les
Protecteurs de la minorité des Roys, que les defenseurs des peuples & que l’honneur,
& la consciẽce les oblige & les restraint enuers les deux égalemẽt. Crois-tu, Lecteur,
que ces extrémes soient si faciles à balancer & si faciles à reünir, quand ils sont
vne fois separez ? qu’ont-ils fait iusques icy, qui n’ait esté à l’aduantage de l’vn & de
l’autre, & s’ils ont penché n’est-ce pas du costé le plus foible ? s’ils ont soutenu la Couronne
& la Maiesté du Prince, s’est-il veu porter plus haut & l’interest du peuple, &
l’honneur du Senat. Enfin qu’ont ils faict parroistre dans leurs cõseils ou dans leurs
discours qui n’ait embrassé en soy la gloire de Dieu, l’hõneur du Prince, le salut des
peuples & la Paix & l’vniõ qui doit leur estre inseparable : pouuõs-nous les conuaincre
d’auoir tant soit peu varié, & s’ils sont nos Iuges, les condamnerons nous sans les
oüir, nous leur deuõs au moins la grace de les examiner & de recourir aux preuues
& non pas à la presomption ; & s’il est permis de se seruir des ressemblãces & de iuger
des sentimens de l’ame par les signes exterieurs, voyons si leur conscience les a rendus
timides ou les a fait changer ; plusieurs à la derniere conspiration du peuple surpris
de l’opinion & poussez de la fureur vulgaire, ne parloient que d’attenter à leurs
vies & de briser les portes du Pallais, tout le monde les estimoit perdus chaque moment
suspendoit la reuolte, eux seuls furent les moins esmeus, & sans l’obstacle qui
leur fut fait, ces grands hommes alloient en s’exposant appaiser le desordre, & par
leur mort iustifier leur innocence. C’est vn exemplerare & non pas extraordinaire ;
Car au iour des barricades, le premier d’eux eust la mesme constance, & i’appelle à
tesmoin ce nombre infiny de mutins & d’aueugles nez qui vouloient iuger du Soleil,
& porter le poignard dans le sein de leur Pere, s’il ne leur parust & ne leur parla pas
d’vn sens & d’vn visage aussi rassis que s’il eust esté dans son Tribunal : A-on oüy parler
d’vne plus grande fermeté, & s’est-il veu des criminels qui se soient presentez
à la mort auec tant d’audace & de resolution, sa Paix & sa tranquilité faisoient cette
magnanime constance, & s’il te faut, Lecteur, quelque autre tesmoignage de ces
communes veritez, lis ou apprends les Harangues, & les discours heroïques qu’il a
proferez deuant le Prince, & deuant le Senat, & par lesquels il a si souuent terrassé
l’orgueil & la fierté de nos ennemis, & tu pourras recognoistre qu’ils ont esté ses
motifs, quel est son courage, & quel est son sçauoir. L’Arrest du huictiesme Ianuier
qui fut vn Arrest vrayement en robe rouge, & le plus hardy qui iamais fut rendu, ne
fut-il pas prononcé par la bouche de cét oracle. Et ce grand coup de foudre (malgré