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Mazarinade n° C_3_51

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Balzac,? de [signé] [1649], LETTRE DE MONSIEVR DE BALZAC, A MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT. du 31. Ianuier 1649. , françaisRéférence RIM : M0_1975. Cote locale : C_3_51.


ne faut que vous monstrer pour les faire disparoistre,
n’allez pas vous engager dans leurs trouppes rompuës ;
laissez les fuyr auec honneur, & sous vn glorieux
pretexte, en fuyant deuant vous, donnez nous
vne victoire innocente, & gardez bien par quelque
legere blessure seulement de nous faire achepter trop
cher vn repos qui nous cousteroit des larmes : craignez
vn peu pour nous, ou si vous n’estes pas capable de la
crainte, ayez au moins vn peu d’amour, mais de cette
amour qui ne s’éloigne qu’auec regret de la personne
aimée. Vostre nom seul peut rendre nos armes
triomphantes, il est si accoustumé à vaincre tout, il
eschappe si peu de chose à ses conquestes, & à vos
liens, qu’en voulant mesmes nous rendre libres, vous
ne pouuez vous empescher de captiuer nos cœurs. Ce
Prince que la iustice des armes de nos Roys rendit
victorieux dans quatre batailles, perdra la cinquiéme
contre vous : Ce ieune guerrier que le bon heur
de la France rendit triomphant, deuiendra malheureux
s’il combat contre elle ; & ce fortuné conquerant
qui subiugua tant d’estrangers, sera vaincu, s’il
en deffend le moindre. La valeur temeraire de ses
combats, & sa prudence de Lerida luy seruiront de
peu : il seroit encore vne fois secouru d’Erlac, il feroit
ressusciter le Mareschal de Gassion, il auroit auec luy
ce braue Mareschal de Turenne, & tant d’autres genereux
guerriers, dont les plaines de Rocroy, de Norlingue,
& de Lens ont veu signaler le courage, qu’il
seroit battu en compagnie dans la plaine de S. Denis