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Mazarinade n° A_6_65

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Bonair [signé] (L. S. D. B.) [1649], PANEGIRIQVE POVR MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT PAIR DE FRANCE, ADRESSĖ A MONSIEVR DE PALLETEAV, PAR L. S. D. B. , françaisRéférence RIM : M0_2666. Cote locale : A_6_65.


n’est pas en vain, que la Nature a mis ensemble tant de richesses &
tant de tresors. Les qualitez de son esprit sont incomparables, &
son corps a receu des dons du Ciel si parfaits, que l’Eloquence &
la Peinture ne les sçauroient representer que par le silence, ou
auec vn rideau. Sa conuersation, ses harangues militaires, & ses
deliberations dans tous les conseils, le font regner absolument sur
tout ce qu’il y a d’esprits raisonnables.
 
Ie n’ose, MONSIEVR, vous entretenir de sa dexterité & de son adresse.
Ceux qui luy ont veu faire ses exercices ; ceux qui l’ont veu
monter à cheual ; ceux qui luy ont veu en main, ou vne lance, ou
vne pique, ou vne espée, ont predit les choses que nous auõs veuës,
& celles que nous attendons auec tant d’impatience, & ont asseuré
hardiment, que le Dieu Mars auoit presidé à la naissance de ce foudre
de guerre.
Ne vous estonnez donc pas, MONSIEVR, si elle ne l’a pas fait
Capitaine à quinze ans, aussi-tost que volontaire, & si elle luy a
suscité tant d’obstacles, c’est qu’elle a sans doute craint que son
courage ne le portast trop loin, & elle a eu vn iuste suiet d’apprehender
qu’il n’y eust pas au monde assez de matiere pour la vaillance
de vostre PRINCE.
Tant de campagnes qu’il a faites dedans & dehors le Royaume,
& le nombre infiny des belles & des grandes actions, qui ont éclaté
en tant d’endroits, sont des prodiges & de nobles effets de la
derniere valeur. Tous ceux qui commandent auiourd’huy, publient
hautement, qu’ils l’ont veut reuenir mille fois des batailles,
des combats, des attaques, des rencontres, & des assauts le bras
nud, & son espée tousiours teinte du sang des ennemis.
Le persecuteur de son illustre & Royale Maison n’estant plus au
monde, la fortune se reconcilia auec vostre PRINCE, & le conduisit
à la Cour, auec cét éclat de gloire & de majesté, qui ébloüit
tous ceux qui le regardent ; & comme la fin des plus grandes & des
plus belles choses de la Nature, fut de se rendre digne son de amour
& de sa valeur, il ne se faut pas estonner si cette inconstante fut ialouse,
de voir que son CONQVERANT triomphoit par tout ; &
dans l’apprehension de le perdre, cette volage a trahy ou plutost
exercé sa vertu, par d’horribles persecutiõs & des cruautez inouyes.
Il a senty veritablement le coup de la detention de sa personne,
& a esté outré de douleur, de ne pouuoir executer les dernieres