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Mazarinade n° B_2_29

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Anonyme [1652 [?]], INSTRVCTION ROYALE, OV PARADOXE SVR LE GOVVERNEMENT de l’Estat. , français, latinRéférence RIM : M0_1710. Cote locale : B_2_29.


de l’estrange confusion où ce prodigieux monstre la
mis ; puis que sa diuine bonté a tousiours fait voir qu’elle
auoit beaucoup plus d’inclination pour le salut des
François, que pour toutes les autres nations de la terre.
 
La plus part des Potentats ne mettent leur felicité
qu’en la conqueste de quelque nouueau pays, & qu’en
l’exercice des armes : mais s’ils consideroient les choses
comme elles doiuent estre considerées, ils trouueroient
qu’il n’y a rien au monde qui leur soit si vtile & si necessaire
que de regir leurs sujets selon les loix : que de les
deliurer de l’extreme calamité où ils sont : que de les
maintenir dans les conditions & dans les priuileges ou
ils les ont trouuez : que de les deffendre enuers tous &
contre tous : & que de les gouuerner ainsi qu’vn bon
pere doit gouuerner sa famille.
Ce n’est pas pour dresser des puissantes armées, pour
couurir la mer de vaisseaux, pour liurer des grandes
batailles, pour gagner des prodigieuses victoires, pour
prendre des villes, pour conquerir de nouueaux Estats,
& pour porter la terreur sur toute la surface de la terre,
qu’ils furent esleuez à cette Royale dignité : mais pour
trauailler incessamment au bien de leurs suiets, pour
remedier aux malheurs dont ils sont accablez, pour les
releuer de leurs oppressions, & pour distribuer le droit
à toutes sorte de personnes.
Mais le malheur du siecle est si grand, que ce sont des
leçons qui ne vont pas iusques aux oreilles des Princes.
Chose estrange que ceux qui deuroient estre les mieux
instruits, afin de sçauoir plus dignement exercer la
charge où Dieu les a appellez, sont ceux qu’on laisse
plus malheureusement croupir dans vne ignorance aussi
criminelle enuers Dieu, qu’elle est outrageuse enuers
les hommes. Et d’où vient cela ? c’est parce qu’ils ne
sont iamais enuironnez que de tyrans, que de flateurs,
que de complaisans, & que de sangsuës publiques.