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Mazarinade n° C_9_47

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D. B. [signé] = Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], REMONSTRANCE DV PEVPLE A LA REYNE REGENTE. POVR LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_3312. Cote locale : C_9_47.


peut estre persuadée de cette verité confirmée par la
voir & par le sentiment de tous les hommes ; & qui
la voudroit ignorer, ne voudroit pas aussi conceuoir
que les Roys ne sont appellez de ce nom qu’au
regard de leurs suiets, dont nous faisons la plus
grande & la meilleure partie, quoy que nous n’en
fassions pas la plus noble. Nous auons tousiours
oüy dire qu’il estoit du corps de l’Estat, de mesme
que du corps humain, où l’on treuue diuersement
des puissances qui commandent, qui conseillent,
ou qui deliberent, des membres qui trauaillent &
qui executent, & des parties qui ne se nourrissent
que pour engraisser les autres. Nous sommes de ces
dernieres, puis que nous fournissons mesme aux
Souuerains de quoy subsister, que nous les entretenons
de nos sueurs, & que tout ce qui passe dans
leurs mains est sorty des nostres. Mais comme ces
parties desseichent celles qu’elles abbreuuent,
quand elles sont elles-mesmes trop desseichées, &
qu’il n’est pas possible qu’elles leur fournissent quelque
nourriture, quand elles en manquent, c’est aussi
de là, Madame, que le pouuoir des Roys diminuë
auec le nostre ; que leur authorité s’affoiblit quand
nous n’auons plus dequoy l’appuyer, & qu’ils ne
peuuent estre fermes quand leurs peuples tombent.
Nous auons fait confesser aux estrangers, que la
France estoit le plus riche de tous les Royaumes, par
les sommes prodigieuses que nous auons tous fournies