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Mazarinade n° A_8_24

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D. B. [signé] = Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], REMONSTRANCES DES TROIS ESTATS, A LA REYNE REGENTE. POVR LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_3312. Cote locale : A_8_24.


les personnes qui estoient dessus le Throsne, n’auoient accoustumé
de voir & d’entendre que par les yeux & par les
oreilles de celles qui auoient accoustumé de les approcher,
nous venons nous prosterner encore a vos pieds
pour vous remonstrer que tous nos sanctuaires sont prophanez,
toutes nos Eglises pillées, toutes nos Religieuses
fugitiues, tous nos Prestres esgarez, la plus part de nos
mysteres abolis, & toutes nos esperances presque perduës.
La barque de sainct Pierre n’est plus icy qu’vn vaisseau qui
flotte au gré des vents & de la tempeste, & qui ne sçait en
quel endroit aborder, & quoy que Iesus-Christ nous assure
que les portes de l’Enfer n’auront point de force contre
son Eglise, les trouppes qui enuironnent vostre Majesté,
Madame, font ce qu’elles peuuent pour empescher que la
verité mesme ne soit infaillible, pour renuerser la demeure
du sainct Esprit, & pour ruiner vn corps dont Iesus-Christ
est la teste. Ouy, MADAME, la Religion n’a pas
moins d’ennemis à vaincre qu’elle a de trouppes qui vous
enuironnent ; vos gardes sont deuenus ses persecuteurs, &
les Temples qui ne retentissoient nagueres que de cantiques
& de loüanges à Dieu, ne retentissent plus icy à l’entour
que de hurlemens affreux, & de blasphemes espouuantables.
Les Pasteurs y sont traittez comme les brebis,
les larcins y passent pour des droits de guerre, & les crimes
se commettent où l’on auoit coustume de les absoudre.
Vostre Redempteur & le nostre leur peut bien dire
aujourd’huy, comme il disoit autrefois, que sa maison est
nommée maison de priere, & qu’ils en ont fait vne cauerne
de volleurs : Nous pouuons nous escrier auec l’Apostre
qu’ils ont les pieds legers à verser le sang, puis qu’ils ne
courent qu’aux meurtres, & si leur violence continuë,
i’aprehende enfin de continuer aussi auec le mesme sainct