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Mazarinade n° B_10_32

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D. L. N. P. [signé] [[s. d.]], LETTRE D’VN ECCLESIASTIQVE A VN EVESQVE, Touchant vne Conference qui se fit dernierement dans S: Sulpice, entre le Pere Des-Mares, & le Pere Dom Pierre de S. Ioseph, Fueillant. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_10_32.


de soustenir de bouche, & par escrit, Que l’homme
qui ne fait pas le bien qui luy est commandé, le peut faire, &
que Dieu luy offre de sa part toute la grace necessaire pour
cela ; & qu’en ce sens, on ne peut nier, sans renoncer à la
foy Catholique, qu’il n’y ait dans l’estat de la nature corrompue,
des graces suffisantes qui ne sont pas efficaces. Mais le
Pere Des-Mares estant prié en suite de soustenir, & de souscrire
la proposition contradictoire, qui est la principale piece
du Iansenisme, il le refusa absolument, & il ne fut iamais
possible de l’obliger à la deffendre, quelque instance qu’on
pût luy en faire l’espace de trois heures. Il vit bien d’abord
qu’il estoit pris, & vsa tout son estomac, & toute sa Rethorique
pour donner le change ; croyant que son Aduersaire
seroit assez simple pour le laisser eschaper, & pour s’amuser
à courir apres luy dans ses égaremens : mais il fut tousiours
arresté, & ny Monsieur de S. Sulpice, ny le Pere Fueillant,
ne voulurent iamais démordre de la these qui auoit esté proposée ;
& firent assez comprendre à l’Assemblee, que toutes
les crieries du Pere Des-Mares n’estoient que des pretextes
pour cacher son foible, & pour éuiter vn combat où il
voyoit sa perte infaillible. En effet, s’estant arresté longtemps
tantost à condamner l’opinion de Molina, tantost à
montrer que celle des Peres Iacobins ne luy plaisoit pas, on
fit voir clairement que tout cela estoit hors de propos ; n’estant
pas question de sçauoir, si pour faire le bien il suffit
d’auoir la grace de Molina, ou celle des Iacobins, ou quelqu’autre
que ce soit ; mais si celuy qui ne fait pas le bien qui
luy est commandé, a, ou peut auoir tout le secours necessaire
pour cela, & si Dieu le luy offre de sa part ; à quoy le
Pere Des-Mares ne voulut iamais répondre. Il tascha toujours
de broüiller ces deux questions, quoy que le moindre
Ecolier de Theologie puisse comprendre fort aisément
qu’elles sont tres-differentes : & qu’il ne soit nullement necessaire
de sçauoir, qu’elle est precisément la grace auec laquelle
on fait le bien, lors qu’il est seulement question de resoudre,
si Dieu est prest de soy de la donner à celuy qui n’agit