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Mazarinade n° C_3_50

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D. P., sieur de S. [signé] [1649], LETTRE D’VN VERITABLE FRANÇOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. , françaisRéférence RIM : M0_1898. Cote locale : C_3_50.


LETTRE D’VN VERITABLE FRANÇOIS,
à Monseigneur le Duc d’Orleans.

MONSEIGNEVR,
S’il est vray que ce soit vne coustume inuiolable parmy les
peuples de reclamer la puissance des Dieux tutelaires, lors qu’il
s’agist du salut de la republique. Ie ne puis que ie ne m’estonne
de ce que parmy tant de desordres qui trauaillent la France, &
tant de dangereuses conuulsions dont elle est defiguree, il n’y
ait eu encore personne qui ait imploré le secours de vostre A.
R. bien que ce soit elle qui dans la minorité de nostre Monarque,
tienne entre ses mains les destinées de ce florissant Estat.
Ne seroit-ce pas peut-estre qu’on ait apprehende que vous fussiez
semblable à ce Iupiter de Crete, qui n’estoit point touché
des calamitez publiques, & qui faisoit gloire d’estre sourd aux
plaintes & aux gemissemens de ceux qui se prosternoient aux
pieds de ses Autels. Mais certes, ces craintes seroient iniustes &
ces deffiances criminelles, puisque vous auez desia donné à la
France d’assez puissantes preuues de vostre amour & de vostre
bonté : lors que prodiguant vostre vie pour sa gloire, vous auez
humilié l’orgueil de vos ennemis, & moissonné mil Lauriers dãs
leurs Prouinces plûtost pour luy en faire vne Courõne, que pour
seruir d’ornement à vostre triomphe. Grauelines, Courtray &
tant d’autres places, ont esté le champ dans lequel vos armes victorieuses
vous ont frayé le chemin, a tant de belles & d’honnorables
conquestes : & ces Villes audacieuses vous ont ouuert autant
de portes triomphales, qu’elles auoient souffert de breches
& de ruines. Enfin vostre valeur a fait voir à la Flandre que vous
estiez vn digne heritier des heroiques vertus de Henry le Grãd,
& que vous auiez heureusement pris pour principe de vos actiõs
celuy qui l’estoit de vostre vie. Mais quoy, MONSEIGNEVR,
tous ces illustres trophees, ces riches monumens d’honneur
qui estoient desia placez dans le Temple de l’Immortalité, ne
donnent plus que de l’estonnement au lieu d’admiration : vos