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Mazarinade n° C_10_11

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Gondi, Jean-François Paul / [cardinal de Retz] [1649], SERMON DE S. LOVIS ROY DE FRANCE, FAIT ET PRONONCÉ DEVANT le Roy & la Reyne Regente sa Mere. PAR MONSEIGNEVR L’ILLVSTRISSIME & Reuerendissime I. F. Paul de Condy Archèuesque de Corinthe, & Coadjuteur de Paris: A PARIS DANS L’EGLISE DE S. LOVIS des PP. Iesuites, au iour & Feste dudit saint Louis, l’an 1648. , français, latinRéférence RIM : M4_79. Cote locale : C_10_11.


ne songe qu’à la ruine & qu’à la perte de la Religion, Spirans erat cœdis &
minarum in Discipulos :Et en mesme temps & au mesme moment qu’il est
dans cette mal-heureuse disposition, Dieu le touche, ou pour parler plus
conformément à sa vocation, Dieu l’emporte par vn coup violent & extraordinaire
de sa misericorde dans la connoissance du Christianisme, & en vn instant
sa fureur se change en vne saincte ardeur pour le salut de ses freres, n’est-ce
pas vn prodige ?
 
Theodose fumant encore du sang des Citoyens de Thessalonique, marche
d’vn pas superbe pour entrer dans l’Eglise, comme pour la rendre complice
de sa cruauté ; Sainct Ambroise d’vn seul regard arreste la fierté d’vn Empereur
victorieux de toutes les parties du monde ; & dans vn moment sa fierté
se chãge en vn profond respect, & dans vne saincte sousmission, plaine d’vne
veritable humilité. Et ce dernier exemple, qui nous represente l’orgueil de la
terre confondu, & pour ainsi parler aneanty par vn seul mouuement du Ciel,
nous marque puissamment le dernier effort de la grace, puis qu’il nous fait
voir la grandeur humaine, qui deuant que les hommes eussent esté éclairez
de la lumiere de l’Euangile, a esté la cause la plus ordinaire & la plus generale
de leur perte, & qui mesmes depuis ce bon-heur est encore selon toutes les
maximes de l’Escriture la chose du monde la plus opposée à la veritable pieté ;
Puisque, dis-ie, cét exemple nous la fait voir assuiettie au Christianisme, &
assuiettie iusques au point que d’estre vn de ses plus propres, & vn de ses plus
glorieux instrumens. Et de cette opposition, qui se rencontre entre la grandeur
& la pieté, qui fait trembler quand on la lit dans l’Escriture, & qui l’a
mesme obligé de dire que, Dieu est terrible dessus les Rois ; Il s’ensuit necessairement
que l’accord de ces contraires, est la production la plus forte du Christianisme,
& que par consequent le dernier point de la Saincteté est d’estre
grand & d’estre Sainct.
Et selon ces principes, ô grand & admirable Monarque, qui auez brillé
sur la terre moins par l’éclat de vostre Couronne, que parla splendeur de vos
belles actions, de quels eloges, de quelles loüanges peut-on former vostre
Panegyrique ? Qu’est-ce qui peut respondre à vos vertus ? Ie m’ébloüis à la
veuë de tant de lumieres ; ie me perds dans ce rare mélange de la fortune &
de la vertu ; Et si ie me laissois emporter à la iuste crainte qui saisit mon esprit
de ne pouuoir parler assez dignement de ces merueilles, au lieu d’éleuer des
trophées à la memoire glorieuse du grand S. Louis, ie me contenterois presentemẽt
de dresser en ce lieu vn tribunal sacré, où i’appellerois de la part de
Dieu tous ceux qui viuent auiourd’huy dans ce Royaume, pour reconnoistre
le crime qu’ils commettẽt, de ne se pas sousmettre à Dieu dans leur bassesse,
apres l’exemple d’vn grand Monarque qui luy a sousmis si genereusement sa
grandeur. Peuples qui m’entendez, tremblez à cét exemple ; Et vous, SIRE,
apprenez auiourd’huy de vos Ancestres comme il faut viure en Roy.
L’on ne peut commencer la vie de S. Louis par rien de plus esleué que sa
naissance ; & cette longue suitte de Rois, on-il attiré son origine, ouuriroit
auec pompe ce discours, si ie n’estois persuadé que les auantages les plus illustres,
& de la nature & de la fortune, ne meritent iamais d’estre releuez dans