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Mazarinade n° B_14_39

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [[s. d.]], ADVIS AVX MAL-HEVREVX. , françaisRéférence RIM : M0_488. Cote locale : B_14_39.


Aduis aux mal-heureux.
Ton malheur & le mien, tire cét Aduis de mon esprit &
m’oblige à te faire part de ma pensée. Mais reçois le
auec le mesme esprit que ie te le donne. Ne t’imagine point
que ce soit pour flater aucun des Partis, & pour émouuoir ton
affection ou ta haine. Ie te proteste que ce n’est que pour descharge
ma conscience & la tienne, & pour te faire ouurir les
yeux & faire apperceuoir le bien & le mal de l’estat ou l’on te
veut mettre.
Deux choses te feront voir, si ie te trompe ou si ie suis
trompé. La premiere, c’est la comparaison des choses presentes
& passées. La seconde, la comparaison des procedez
des deux Armées.
Si quelque chose ta ietté dans le ressentiment & ta mis les
armes à la main, ce n’a pû estre que, ou la dureté du ministere
& de la saison : la difficulté d’obeïr & de viure : l’excez des imposts
& les autres surcharges du commerce. Tout le sur plus à
ton esgard n’est qu’vn pretexte.
Les heureux comme les Officiers, les Courtisans, les Gens
d’affaire & les gros Bourgeois peuuent bien en auoir d’autres
comme l’éloignement ou le retour du C. Mazarin, selon
qu’ils estoient ses seruiteurs, ou ses ennemis ; le changement
du Conseil selon qu’ils estoient supportez ou mesprisez ; la liberté
ou la prison de Messieurs les Princes, selon qu’ils en
auoient à esperer ou à craindre.
Mais toy pauure mal heureux peuple, à qui ie parle, tu n’auois
rien à craindre de ces maux, qui ne sont dangereux qu’au
cabinet & à ceux qui en aprochent. Tu n’auois à aprehender
que la rareté du trauail ou du viure, l’approche des armées,
l’interruption du commerce & ces rauages irreparables qui
ont desolé la campagne.
As tu remarqué que le bruit que nous auons fait ayt guery