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Mazarinade n° B_14_39

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [[s. d.]], ADVIS AVX MAL-HEVREVX. , françaisRéférence RIM : M0_488. Cote locale : B_14_39.


de Paris & auoit dans son armée dequoy punir & chastier la
pire. Ce Prince neantmoins n’a point voulu se seruir de ces
auantages & a mieux aymé manquer à l’occasion qu’à sa parolle.
Il a fait comme vn bon Maistre, il a ces interests communs
auec ses sujets. Il perd quand il chastie, & quoy que la
Iustice prenne soin de destruire le coupable ou l’inutile il ne
laisse pas de les perdre auec douleur.
 
La liberté de mal faire n’appartient qu’à ceux qui n’ont ny
Dieu, ny Foy, ny part aux desordres qui suruiennent. Quand
la France perira, ils subsisteront en Espagne des mesmes deniers
qu’ils reçoiuent tous les iours. Leur armée leur donnera
vne retraite si leur mauuaise conduite ou les Loix leur en
ostent & leur en refuse. Il ne leur importe que tout perisse,
que tes faux-bourgs soient desertez, que de dix ans le prix du
bled n’amende, qu’vne troisiesme armée vienne acheuer le
reste des deux autres. Ils ne sont ny les Maistres ny les Seigneurs ;
ils n’ont ny pitié ny iustice.
Ou est ton iugement pauure peuple, n’est-il pas vray que
tu serois mieux si tu n’auois point d’armée au tour de tes murailles ?
pourquoy donc en entretiens-tu vne ? si ton Roy t’en
a voulu deliurer ; & sans ton aueugle obstination l’affaire estoit
faite, la rebellion alloit estre dissipée, la Paix, le commerce
& le calme restably. Ce Roy vainqueur & Maistre alloit repousser
ses ennemis & occupper ses trouppes sur la frontiere.
Luy cependant venoit receuoir des aplaudissement & des respects
dans sa bonne ville de Paris. La Cour alloit enrichir
l’Artisan, le Conseil alloit trauailler à la Paix generalle. Tes
maisons t’estoient conseruées, le bled alloit estre commun &
la Terre & le Ciel estoient disposez à faire la plus riche recolte
qui se soit iamais veuë.
Fais donc vne sage & raisonnable reflexion. Que ton Roy
te traite bien mieux que les Princes, qu’il vse d’vne bonté de
Maistre au lieu qu’ils ont pris l’effort des tirans. Qu’il a voulu
espargner sa bonne Ville, que les autres ont exposée à l’insolence
du soldat. Et qu’il a suspendu vn iuste ressentiment, par
ce qu’il ne pouuoit éclater que funestement.