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Mazarinade n° B_6_33

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1651], ADVIS DESINTERESSÉ SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_510. Cote locale : B_6_33.


iamais pû tenter son honneur & sa gloire, il a tousiours
mieux aymé qu’on le connust par l’esclat de ses belles
actions, que par la grandeur de sa fortune.
 
Mais quand ce bruit seroit veritable qu’on veut mettre
Monsieur le Coadjuteur dans le Ministere, bien qu’il
ait declaré hautement plusieurs fois qu’il n’auroit iamais
cette pensée, doit-on croire pour cela que Monsieur le
Coadjuteur soit dans les interests dn Card. Mazarin.
La condition du Roy & celle de l’Estat seroit bien maheureuse,
si tous ceux qui pourront entrer doresnauant
dans le Conseil du Roy passoient pour Mazarins. Tout le
monde fuiroit le seruice du Roy & de l’Estat, comme vne
fatalité à sa fortune, parce qu’il n’y a personne qui se
vueille charger volontairement de la haine publique.
Ie demanderois volontiers à ceux, qui se laissent si facilement
surprendre, si, quand le Cardinal a esté chassé,
on auoit mis deslors Monsieur le Coadiuteur dans le
Conseil, il y eust eu des personnes qui se fussent plaintes
de ce digne choix. Au contraire, tout le Peuple auroit
crié victoire, & tesmoigné de la ioye dans le public.
D’où vient donc ce changement, vaut il mieux que
des Mazarins demeurent aupres du Roy & dans son Conseil,
pour fomenter leur vengeance, & entretenir les esprits
vlcerez, que ceux qui peuuent guerir la playe, & qui
ont tousiours esté dans les interests du Peuple. Nous n’auons
combatu que pour cét aduantage, & à present nous
ne voulons pas nous en seruir, nous voulons estouffer nôtre
triomphe, nous ne connoissons pas que ce sont nos
ennemis, qui nous esleuent contre nous mesmes.
Ouy, mais il y a vne autre crainte qui nous saisit. On
dit que la Reyne est si fort engagée dans le restablissemẽt
du Cardinal, qu’on ne peut s’approcher de la Cour, sans
entrer dans les mesmes interests, & dans ses pensées.
I’ay fait voir que Monsieur le Coadiuteur ne pouuoit
auoir part à ces engagement, s’il y en auoit encor quelques-vns,
qu’il y perdroit sa gloire, sa grandeur, & sa seureté,
qui sont les principes de tous nos mouuemens, & de
toutes nos actions.