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Mazarinade n° A_9_10

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.


verser l’authorité Royale ; que vous avés intelligence avec
les ennemis de l’Estat ; que vous les devés introduire dans
le Royaume ; que vous avés resolu de vous saisir de la personne
du Roy, & de toute la Maison Royale ; qu’à cét effet
vous avés donné charge au Marquis de la Boulaye d’exciter
une sedition dans Paris ; qu’il auoit en main dequoy iustifier
tout ce qu’il advançoit.
 
Le fourbe sçavoit bien qu’il ne pouvoit toucher Monsieur
le Prince par un endroit plus sensible & plus delicat ;
il ne doutoit point, que celuy qui avoit tant de fois exposé
sa vie pour la conservation & pour la gloire de la Couronne,
ne s’opposast avec chaleur à des desseins si pernicieux.
Sa malice ne s’arreste pas encore là ; il adjoûte que vous
aviés fait vn complot, pour tremper vos mains dans le sang
Royal, en la personne de ce Prince ; qu’il en a de tres-bons
advis ; que quelque-vns mesme de ceux qui devoient executer
cét execrable assassinat, luy ont descouvert tout le
mystere ; & qu’enfin il a des tesmoins pour vous convaincre
à la face de tous les hommes, des crimes les plus enormes,
qui puissent tomber dans l’imagination des plus scelerats.
Vous estonnerez vous, MESSIEVRS, que Monsieur
le Prince ait pris feu au recit d’vne telle conjuration ? Le
Cardinal Mazarin apres auoir donné ces premieres impressions
à son Altesse, afin de luy oster tout lieu de douter de
ce qu’il venoit d’entendre, luy fait donner les mesmes advis
par differentes personnes. Madame la Princesse garde
encore le billet que Monsieur Servien escrivit sur ce sujet,
bien qu’il put quelquefois donner au Cardinal des conseils
assez violents pour r’asseurer sa timidité naturelle, bien qu’il
ait continuellement en bouche cette maxime : Qu’un homme
pour s’esleuer doit marcher sur les corps morts ; sur
ceux mesme de ses bien-facteurs, s’il est necessaire ; & n’espargner
artifice, poison ny fer pour son establissement, &
se servir des uns & des autres pour sa conservation. On ne