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Mazarinade n° A_6_59

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L. M. R. L. D. R. M. N. C. D. R. S. V. A. B. G. [signé] [1649], PLAINTE A LA REYNE, DES DAMES DE Paris, qui ont leurs maris dans l’Armée Mazarine. , françaisRéférence RIM : M0_2775. Cote locale : A_6_59.


Nous nous persuadions vn siecle d’or, mais nous en
auons vn de fer, le plus cruel qui ait esté veu depuis la
naissance du monde. Fut-il jamais rien de semblable
& nos Histoires passeront-elles pas pour des Romans,
qu’vne Reyne de France de la naissance qu’est vostre
Majesté, se soit resoluë de s’enleuer de sa ville Capitalle,
d’emmener le Roy à deux heures apres minuit vn jour
des Roys, jour de rejoüissance, pour le maintien d’vn
Estranger qui a volé toutes ses finances, & qu’au mesme
temps elle ait engagé deux Princes du Sang à sa
protection, & plusieurs personnes de condition & de
merite. Qui le croyra Madame, que pour vn Estranger
on ait veu la France en armes contre la France mesme ?
Les autres Estrangers & aussi bien que luy nos ennemis,
ne riront ils pas de nos folies, ne tiendront-ils pas à fables,
& en croyront-ils leurs Gazettes, que vostre passion
ait armé les freres contre les freres, les cousins contre
les cousins, & que nos maris soient reduis par vne
obeïssance folle & estourdie d’affamer nous & nos enfans,
& par vne complaisance extrauagante d’oublier
tout deuoir d’amitié & de charité, & à quoy s’occupent-ils
auec ces braues Generaux à assieger Charenton,
ou Brie-Comte-Robert, & autres petites bourgades
des enuirons de Paris, qui ne seroient que raisonnables
occupations de leurs pages ou de leurs laquais,
& quelles consolations pouuons nous auoir s’ils
y sont tuez, pareille du moins que celle de Madame de
Chastillon de la mort de Monsieur son mary, de sçauoir
qu’on aura chanté vn Te Deum à sainct Germain
lors de leurs funerailles, ne sommes-nous pas bien