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Mazarinade n° D_2_35

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.


temps cét Estat, y causeront enfin vn bouleuersement general, dont
nous esperons, auec l’assistance de Dieu, de le garentir. Nous nous
promettons que le souuenir qu’aura toute la Chrestienté de nostre
moderation, & de la douceur des conseils que nous auons suiuis depuis
nostre auenement à la Couronne, (qui a esté telle, que souuent
mesme on a imputé à foiblesse dans le gouuernement, ce qui ne partoit
que de nostre pure bonté, ou de prudence pour d’autres raisons
plus fortes,) persuadera aisément vn chacun que nous n’auons eu recours
au dernier remede, qu’apres auoir esprouué que tous les autres
estoient impuissans : Et à la verité, quand il a fallu deliberer sur l’arrest
d’vn Prince de nostre Sang, que nous auons tousiours tendrement
aimé, & qui est d’ailleurs estimable pour beaucoup de hautes
qualitez qu’il possede d’vn Prince, qui a remporté plusieurs victoires
sur nos ennemis, où il a signalé son courage : Il est certain qu’encore
qu’il ait mal vsé d’abord de la gloire particuliere que nous luy
auons donné moyen d’acquerir, & que son procedé en diuerses entreprises
qu’il a faites, nous ait en tout temps donné de iustes defiances
de ses desseins ; Nous n’auons pû neantmoins sans vne repugnãce
extresme, nous determiner à resoudre sa detention, & nous aurions
encore dissimulé tout ce qu’il y auoit de mal en sa conduite, à moins
d’vn peril imminent de voir deschirer cét Estat ; & à moins d’auoir
cõme touché au doigt, que dãs le chemin qu’auoit pris ledit Prince,
& où il s’auançoit tous les iours à grãds pas, l’vn de deux maux estoit
ineuitable, ou sa perte sans resource, ou la dissipatiõ de cette Monarchie
dans la ruine de nostre authorité, de la conseruation de laquelle
depend principalemẽt le repos & le bon heur des peuples que Dieu
a sousmis à nostre obeïssance : Il est si naturel à tous les hommes d’aimer
leurs ouurages, & d’en vouloir autant qu’il se peut conseruer le
gré & le merite, que personne sans doute ne pourra presumer, qu’ayant
donné matiere à nostredit Cousin par les emplois de guerre
que nous luy auons confiez d’acquerir vne haute reputation, & ayãt
aussi comblé sa maison & sa personne de bien-faits de toute nature,
nous eussions pû nous porter sans vne derniere necessité à perdre le
fruit de toutes ces graces, & à nous priuer des seruices quo nostredit
Cousin eust pû continuer à nous rendre, & par ses conseils & par ses
actions, en des temps difficiles, comme sont ordinairement ceux
d’vne longue minorité, s’il ne se fust pas tant escarté qu’il a fait du
chemin de son deuoir, & qu’il eust pû moderer son ambition à se
contenter de viure le plus riche Sujet qui soit aujourd’huy dans la