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Mazarinade n° D_2_38

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M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.


plus allumé dans le cœur de l’homme, il fait sans fin de
nouueaux projets. Et comme il cognoist imparfaitement
cette perfection, qu’il poursuit sans relasche, qu’il en prend
de fausses pour la veritable, se trouuant à tous coups trompé,
à tout moment il recommance de nouueaux desseins ;
& ainsi que l’estat où il se trouue, ou soit heureux, ou soit
miserable, parce qu’il ne rencontre iamais icy bas de veritable
bon-heur qui est la perfection qu’il recherche ; il tasche
tousiours de passer à vn autre estat, ou moins miserable
ou plus heureux. Voila d’où vient l’inconstance des
hommes, & la legereté du peuple, qui n’est qu’vn corps
d’hommes differens, & d’inconstans diuers.
 
En voulez-vous encor plus que celà, & diray-je en vostre
faueur quelque chose de plus fort & de plus doux, & dont
la flatterie & le chatoüillement vous soit plus sensible. Non
seulement, la legereté des peuples est estrange ; le vent
& les nuës si vous le voulez, ne change pas dauange, mais
encores les François le sont au de là de tous ceux de l’Vniuers.
Les Gaulois auant eux estoient coupable de ce mesme
deffaut. Ils ont trouué le vice dans la terre où ils demeurent,
& sous le Ciel où ils habitent ; c’est vne vieille
tache dans leur maison. Ce n’est pas moy, toutesfois, qui
fais ce reproche à ma Patrie, vne infinité de Modernes &
d’Anciens Autheurs l’ont escrit premier que ie l’eusse pensé.
Les Nations qui sont autour de nous n’ont rien autre
chose pour nous faire honte ; & nous-mesmes nous ne
craignons pas en publians nos autres vertus, de nous conuaincre
de ce deffaut là. Mais apres tout celà, Monsieur,
que pensez vous faire ? croyez-vous que tout le monde
vous doiue suiure, & qu’il n’y ait pas mesme vne ame ferme
parmy la foule de ses esprits legers ? Les Torrans les
plus rapides & les plus violens n’entraisnent toutesfois auec
eux que les menuës pierres & le sable, & il se trouue des rochers
& des arbres qui resistent à leur impetuosité. Le Soleil
attire bien des exalaisons & des vapeurs, foibles excremens
des eaux & de la terre, mais il ne peut enleuer les