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Mazarinade n° A_8_79

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M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.


Roys doiuent tout souffrir de la part de Dieu sans murmurer,
mais qu’il n’en doit pas estre de mesme de toutes
sortes d’inferieurs : Parce que l’iniustice de leurs superieurs
leur donne bien souuent droit de se plaindre, ce
que Dieu tout bon, tout sage & tout iuste ne peut pas
permettre à ceux qu’il chastie. Que si les enfans, les Citoyens,
les Iuges & les Roys pourroient doncques deuenir
des Tyrans legitimes. Car si sans iniustice le Fils, le
Bourgeois, le Suiet ne peuuent resister aux Peres, aux Iuges,
& aux Roys, quelque chose qu’ils puissent faire ; Il
s’ensuit donc que iustement ils exerceront mesme toutes
leurs violences. Cette conclusion n’est pas necessaire,
Monsieur, & vous voyez bien qu’encores que le seruiteur
n’ait pas de Droit de punir son Maistre, on n’en peut
pas conclure, que donc le Maistre peut estre vn legitime
& vn iuste cruel. Il faut donc considerer que toutes ses
puissances, ne sont absoluës qu’en vn égard, & qu’il y en a
vn autre auquel elles cessent d’estre puissances, pour estre
dependentes ; ainsi le pere est le superieur de son fils, &
le chef de famille de ses seruiteurs, mais il est l’inferieur
de ses Iuges ; Ainsi les Iuges qui sont des Dieux au regard
du peuple ne sont que des simples hommes suiets de leur
Roy, & le Roy tout de mesme qui se peut dire le Dieu de
ces Dieux & la premiere des diuinitez mortelles, n’est
toute fois qu’vne simple Creature comparé au seul & au
grand Dieu de tout l’Vniuers. Toutes ces puissances terrestes
sont doncques dedans vn milieu qui voyans quelque
chose au dessous de soy, considerent aussi quelque
chose au dessus ; de telle sorte que quand elles agissent, si
elles ne respectent point l’vn, il faut qu’elles respectent
l’autre, & comme elles sont obligées de luy rendre compte
de leurs actions, elles en ont receu la regle qui les rend
legitimes ou coupables, selon qu’elles la suiuent ou qu’elles
l’abandonnent. Ainsi il ne faut donc pas conclure
qu’vn Roy, qu’vn Iuge, qu’vn Pere puissent tout faire