[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_6_57

Image de la page

Mercier, V. [signé] [1649], PANEGYRIQVE A L’HONNEVR DV ROY PRESENTĖ A SA MAIESTĖ. , françaisRéférence RIM : M0_2660. Cote locale : A_6_57.


Roys, & ce qui les a contraint en voulant satisfaire à
leurs desirs, de satisfaire en mesme temps à ceux du
Prince dont ils esperoient la faueur. En effet, de quelque
costé que se tourne la grandeur, elle a beaucoup
d’yeux qui la regardent : & plus elle a de spectateurs,
plus elle semble augmenter son merite. De mesme
que ce ieune homme, dont il est parlé dans Esdras,
qui s’esleuoit à mesure que des vieillards luy mettoient
des couronnes sur la teste, & respectoient sa vertu.
L’interest donc, & l’amour du propre bien ont esté le
seul motif qui ont obligé les hommes de se rauir d’eux-mesmes
pour se donner à autruy, & de renoncer à leur
propre liberté pour se rendre esclaues auprés des Princes,
afin de les seruir, de les honorer, & de les loüer.
Neantmoins, SIRE, les plus sages connoissent parfaitement,
que le plus grand bon-heur d’vn Prince, est
d’auoir auprés de luy des personnes desinteressées, &
de ne point souffrir que ceux qui donnent des loüanges
à leur vertu, ayent vn esprit infecté de flatterie,
ou vne ame corrompuë de mensonge. Puisque cette
peste malheureuse est la ruïne des Princes, & la destruction
des Royaumes. Les flatteries de Carpene
rendirent Crassus esclaue des Parthes. Irus, Ortige,
& Icare furent cause de la ruïne de l’Empire de Gnosse ;
& sans doute tous les Monarques qui voudront
prester l’oreille à cette Syrene enchantée, perdront
bien-tost leur sceptre, ou du moins terniront l’esclat
de leur diademe, & la gloire de leurs plus belles actions.
Ouy, grand Prince, si c’est vn manquement d’affection