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Mazarinade n° B_4_22

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.


du Roy vostre fils, & pour le bien de ses peuples, n’ayent
point esté jusques à cette heure interrompus par ma voix
ou par mes Lettres, & que le recit de mes larmes n’ayent
point encore donné sujet aux vostres de couler, vous
vous imaginés bien sans doute, que ma douleur, bien
qu’elle soit extresme, n’a pas este muette, que mes paroles
& mes cris ont assez retenti dans les Bois où j’estois
confinée ; que mes maux & mon innocence me donnoient
vn assez ample matiere de vous écrire, & que j’ay
versé plus de larmes qu’il n’en falloit pour toucher le cœur
le plus dur à la compassion. I’ay parlé, j’ay crié j’ay pleure
seulement de mon extresme malheur, sans vouloir jamais
que mes paroles, mes cris & mes pleurs passassent
plus loin que les deserts de Chantilly, de peur que vous
disant les maux que mes ennemis me font, abusant injustement
de vostre nom & de vostre authorité, vous n’eussiez
quelque soupçon que ie voulusse me plaindre de vous,
& vous accuser d’estre insensible à ma douleur.
 
Mais en fin voyant que l’on venoit encore de nouueau
me persecuter au fond de ma solitude, & m’oster la deplorable
satisfaction qui reste aux miserables de se pouuoir
plaindre en repos & en quelque sorte de seureté, & m’apperceuant
que pour faire cesser, ou pour mieux dire pour
augmenter encore ma juste douleur, l’on tâchoit de me
donner de la crainte par la multitude des gens de guerre,
qui auoient en vn instant enuironné tous les lieux de
mon exil, & que l’on vouloit me rauir mon innocence,
& les autres biens qui me restent, en m’obligeant de sortir
de France sans vostre permission, & à tomber en vn crime
apparent que l’on eust eu pretexte de punir, auec apparence
de Iustice : Ie me suis en fin resoluë de rompre le
respectueux silence que ie garde religieusement depuis
trois mois à vostre Majesté, & à tout le monde, & j’ay
fait voir en public ma douleur, qui d’ailleurs doit estre assez
connuë ; afin de ne passer point parmy mes ennemis
pour vne Mere insensible au malheur de ses enfans, comme