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Mazarinade n° C_3_94

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Polichinelle [signée] [1649], LETTRE DE POLICHINELLE A IVLE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2045. Cote locale : C_3_94.


experience en tous ces Arts, tant à Rome, qu’à Paris :
mais il vous reste encor à endormir ce grand
Argusà cent yeux, qui veille tousiours à la garde
de la France. Si vous faites ce coup-là, vous serez
digne de la qualité dont on vous honore, peut-estre
mal-gré vous. On vous accuse d’estre vn
grand fourbe, ie n’en puis douter, plusque vaillant,
& plusque parfait Capitaine. Spacamont le
maintiendra en champ clos contre tout venant,
qui voudra soustenir vostre party. Sa cause est fondée
en raison, puisque vous auez vsé de mauuaise
foy enuers luy, & que vous l’auez vilainement
trahy, en vous en allant sans l’en aduertir, & l’assiegeant
dans vne grande ville, comme Paris, auec
dessein de l’affamer comme les autres. Il ressent si
viuement cét affront, qu’il vous va chercher
tous les iours sur le Pont-neuf, pour vous combattre :
gardez bien de vous y rencontrer, car ce
seroit fait de vous bien asseurément, & il vous auroit
desia reduit en poudre, au lieu mesme où vous
estes, si l’amour de la belle Clarisse ne le retenoit
icy en chaisné ; que si ce gros mastin de Venus venoit
à se deslier, on pourroit bien crier : garre la
peau Mazarinique, & ie ne donnerois pas vn
liard de vostre fressure ; aussi bien ne me seruiroit-elle
de rien, puis qu’on vous a desia mis au court-boüillon,
& à toutes les saulses imaginables, &
l’on a trouué que vous ne valiez rien, ny à rostir,
ny à boüillir. Ce que i’en dis, n’est pas pour vous