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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


pourtant, que c’est vous qui auez tousiours trauersé les moyens
pour y paruenir, & qui estes la seule cause qu’elle n’est pas faicte,
il y a plus de trois ans, au grand mal-heur de toute l’Europe. Et
outre l’interest general, (qui pourtant ne me touche pas beaucoup,
d’autant que pour vne gazette en temps de paix, i’en fais six en
temps de guerre, quand ce ne seroit que pour des de faites imaginaires,)
le mien particulier y est engagé par celuy de mon honneur,
que ie perdrois encor tous les iours, si ie ne l’auois tout perdu il
y a long-temps, par les insignes, mais detestables menteries dont
i’ay endormy le peuple, en disant que vous demandiez la paix, &
que l’Espagnol par son arrogance naturelle la refusoit : au lieu qu’il
la demandoit, comme il fait encore, auec des humiliations indignes
de sa grauité, & que c’est vous qui par vne tyrannie autant
sourcilleuse que Sicilienne, l’auez tousiours empeschée, & l’empeschez
encore. Vous sçauez bien, outres les gazettes qui m’auroient
fait rougir, si i’auois eu de la pudeur, & si ie n’estois plus
docte en effronterie qu’en Medecine, la querelle que i’ay euë à
demesler sur ce sujet, auec le gazetier de Cologne ? N’estoit-ce pas le
fort de son ataque, de dire que vous esloignez la paix ? & le prouuoit
si fortement, parce que c’est la verité, & quelle prenant tousiours
sur le mensonge, que i’ay esté vn an & demy à chercher de nouuelles
menteries, pour mettre la reputation de V. E. & la mienne à
couuert, qui sont à present souz la presse, & verront bien tost le
iour, & que ie datteray de mil six cens vingt-huit, affin de mieux
couurir mon jeu, & où ie suis contraint de renoncer au mariage,
& faire passer mes enfans pour bastards, en disant que ie ne fais
plus de gazettes : que pour ma race leur inuentїon a commencé
& finy en moy, & que ce n’est à present que l’employ des
Commis, quoy que ce soit mes enfans qui les composent
& les corrigent. Mais laissons mon interest à part : ne parlons
plus que du vostre. Le peuple n’en peut plus, vous le sçauez. La
guerre & vous l’ont épuisé, vous le sçauez encor mieux. Il ne respire
que la paix, vou n’en doutez pas. Vous estes seul cause qu’elle
n’est pas faicte, tout le monde le sçait aussi bien que nous deux.
Vous estes la haine du peuple, l’auersion des Magistrats, la risée
des Courtisans, & le joüet des Princes, vous le voyez. Voulez
vous vn remede à tous ces maux ? Dites le bon mot à la Reyne, sans
fourbe & sans equiuoque, qu’elle fasse la paix. Apres celuy-là n’en
cherchez point d’autre.