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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


qui gardoit le iardin des Hesperides, il veille incessamment autour
de mon tresor, & afin qu’il soit en plus grande seureté, il les
veut auoir en sa possession. Outre cela, i’ay esté obligé de signer
des Commissions pour la levée des gens de guerre, auec tous les
passe-ports pour sortir ou entrer à S. Germain, iusques aux Officiers
du Roy & de Mõsieur le Duc d’Orleans : Le voyage de mes niepces
m’a touché, ayant rompu toutes les alliances que ie méditois, car
ie ne pretendois rien moins, que de les donner à des Princes, & des
plus grands : encore que ie n’en perde point l’esperance. Il a fallu
trouuer vn pretexte, & mesnager les esprits pour la detention de
Ranzau : La vente de mes meubles m’a touché iüsques au dernier
point, à cause du mépris seulement ; car d’ailleurs ie sçay bien le
moyen de me remplumer au double, sans parler des fausses alarmes
qui venoient incessamment du costé de Paris, qui m’ont fait
plusieurs fois passer les nuits entieres, contre mon ordinaire, tout
botté, & prest de prendre la fuitte, si bien que ie n’ay pû auoir de
pensée, pour quelque autre obiet, ou diuertissement que ce fust.
Ainsi, si ie n’ay rien sceu de ce que tu as fait en ma faveur, il ne
faut point t’en estonner, puis que d’ailleurs cela n’a de rien profité,
& que Bautru ne m’en a point parlé, qui pourtant ne manque point
de me dire toutes nouvelles vrayes ou fausses, ornées de toutes les
belles paroles, postures & grimaces qu’il peut s’imaginer estre propres
pour chasser ma melancholie. Neantmoins voyons ce que
c’est, afin que ie sache si ie te suis obligé, & qu’ayant à chercher des
inuentions, nous ne reprenions pas les mesmes brisées, qu’as-tu
donc fait ?
 
Gaz. La premiere piece que i’ay fait, a esté ce grand libelle qui
fut ietté par plusieurs nuits dans toutes les ruës de Paris, par lequel
ie croyois certainement qu’il ne seroit pas plutost veu, que
le Peuple deuenant furieux, se ietteroit sur le Parlement auec tant
de rage qu’il le déchireroit en pieces, le mangeroit iusques aux os,
& n’y en auroit pas pour vn déjeuner des Crocheteurs ou des Harangeres.
Et pour les animer dauantage, ie leur disois que le Roy
rentreroit par vne porte si le Parlement sortoit par l’autre, & que
vous n’auiez iamais tant eu d’enuie de faire du bien au public comme
cette année. Que c’estoit ces Messieurs qui empeschoient la paix
que vous auiez concluë, & qui ne cherchoient que leur interest
dans toutes ces brouilleries au detriment du Bourgeois. Et pour
mieux couvrir mon jeu, i’en nommois vne partie, & ceux que l’on
sçait estre les plus zelez, auec des pretentions imaginaires qui leur