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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


il en faudroit estouffer la memoire s’il se pouuoit, pour ce
que l’Eglise n’a iamais receu vn si grand affront, ny vne playe plus
sensible, durant ses plus grandes persecutions souz la violence des
tyrans. Les libelles qui ont paru contre moy, n’ont pas oublié ce
reproche, qui est le plus sanglant qu’on me puisse faire, capable
de faire paslir ma pourpre, si i’auois de la synderese : Et dont neantmoins
les Religieux sont ceux qui ont moins de sujet de se
plaindre, puis qu’à dire vray, ce ne sont que les fruicts de l’arbre
que le Pere Ioseph Capucin a planté, par l’aliance qu’il fit auec les
Suédois. Et si ie suis à blasmer en quelque chose, c’est d’auoir preferé
l’interest du monde, & de ma fortune, à celuy de Dieu, de son
Eglise, & de la Religion, mais sur ce point, il n’est pas expedient
que l’on sçache qu’elle est ma creance. Et pource qui concerne
mes loüanges, tu sçais bien que c’est vn trop foible argument, pour
persuader vn peuple iustement irrité, & plus capable de le porter
à l’extremité, que d’arrester le torrent impetueux de ces premiers
mouuemens.
 
Gaz. Monseigneur, ie ne me serois iamais figuré la raison que
vous venez de dire, estant principalement confirmé comme i’estois
par vn exemple signalé, & sans reproche. Il me souuient encore de
la harangue excellente que fist Monseigneur le Chancellier au
Nonce du Pape, lors qu’au nom du Roy, on le menassa de schisme,
ce que nos Roys n’auoient iamais fait, à cause qu’il refusoit
de faire Cardinal le Rev. P. Mazarin vostre frere, de l’ordre de
Sainct Dominique, lequel l’a esté depuis, moyennant ce que vous
sçauez. Il me souuient dis-je, que cette rare piece que vous trouuastes
si rauissante, & que Monseigneur le Chancellier recita auec
tant de mouuement, apres auoir esté trois iours renfermé pour
l’apprendre, n’estoit qu’vn abregé de vos loüanges. C’estoit vn racourcy
des rares perfections qui éclatent en Vostre Eminence pour
la grandeur de la France, & le bien de l’Estat. Il fit voir que vous
estiez l’Ange tutelaire de cette florissante Monarchie, l’esprit vniuersel
qui donnez le mouuement à ce grand corps, seul en tout
l’Vniuers capable de la direction d’vne si puissante Machine : Et
que le Roy, pour vous plaire, & vous retenir dans son Estat, auroit
sujet de rompre non seulement auec le Pape, mais auec
Dieu, si son authorité estoit moins souueraine & independante
qu’elle n’est pas. Apres vn si parfait original, pouuois-ie me figurer
autre chose, sinon que l’on adoreroit la copie que ie ferois de
vos loüanges, & que c’estoit le plus puissant & le dernier moyen