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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


semper mendaces. Ainsi estre Roy des Cretois, est estre Roy
des menteurs, ma veritable profession. Pour le reste vous l’entendez
assez, & le chant de la foule, est celuy du Salue Regina, & de la
ioye que le peuple aura de me voir finir ainsi de cette façon. Et ce
qui augmente ma peur est, que l’on m’a asseuré que Messieurs du
Parlement ont donné desia Arrest contre moy, aussi bien que contre
V. E. encore qu’ils ne l’ayent pas publié, & qu’ils m’auroient
exposé en vn tableau en Greue, sans les prieres de mes enfans enuers
quelques-vns des Chefs, apres auoir presté le serment de fidelité,
& promis d’estre autant seruiteurs de tout ce celebre Corps,
comme i’ay tousiours esté mortel ennemy. De maniere que dans
mon mal-heur, i’ay le bien d’auoir cela de commun auec Vostre
Eminence, qu’il ne faut pas que nous retournions iamais l’vn ny
l’autre à Paris, car les femmes executeroient vostre Arrest, & Iean
Guillame le mien.
 
Le Card. Va, va, songe pour toy, & non pas pour moy, les Parisiens
ne me tiennent pas encore, & il y aura bien des testes à bas
auant que cela arriue. Il y a trop de personnes interessées d’honneur
& de bien dans ma cause ; Tout estranger qu’on me publie
i’ay si bien pourueu à ma seureté, que si ie vien à tomber, ma chute
sera semblable au Dragon de l’Apocalipse, qui entraisnera auec
sa queuë dans l’abisme la troisiesme partie des Estoilles, & des plus
brillantes du Ciel de la France.
Gaz. Ie souhaitte que vous emportiez la victoire, & que vous
fassiez la nicque à tout le monde pour vostre contentement, & pour
ma seureté ; mais vous sçauez la maxime de feu Monsieur le President
de Cheury, que i’estime tres-excellente, qu’il faut tenir le
pot de chambre & le bassin à vn Ministre, pendant que la fortune
luy rit, & les luy verser sur la teste au moment qu’elle luy tourne
le dos. Monsieur le Prince, vostre plus fort appuy, & celuy qui
fait le plus de bruit, & le plus grand mal, n’est pas celuy auquel ie
voudrois auoir plus de confiance, si i’estois à vostre place. Les rauages
qu’il a fait exercer autour de Paris, iusques à rauir l’honneur
aux Damoiselles, souz pretexte de le leur vouloir conseruer, me
donneroit plus de defiance que de seureté. S’il n’a pas fait tenir
parole à Lagny, à Brie-comte robert, à Meudon, & en tant d’autres
endroits, pensez-vous qu’il doiue vser d’vne autre maniere enuers
vous ? Croyez-vous qu’il ne soit pas bien aise de faire sa paix
auec le Parlement, & se remettre, en vous sacrifiant à la fureur
du Peuple, dans la bonne estime où il estoit dans leur esprit, &