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Mazarinade n° B_15_3

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Anonyme [1652], LA CONFERENCE SECRETTE, TENVE A PONTOISE ENTRE LE ROY, LA REYNE, Le Cardinal Mazarin, Messieurs les Princes, & plusieurs autres Grands Seigneurs de la Cour. , françaisRéférence RIM : M0_745. Cote locale : B_15_3.


me découurir, ie demanderois à parler à la Reine ;
& apres luy auoir demandé pardon de ma temerité,
ie luy conterois naïfuement toute ma faute, &
luy ferois sçauoir toutes les miseres de Paris,
pour la disposer à la compassion, & puis ie luy demanderois
la grace d’estre mis dehors auec quelque
seureté.
 
Sur cette confiance, ie leuay vn peu les yeux &
ie les vis qu’ils prenoient place sur les mesmes sieges
où i’auois eu l’honneur de m’asseoir auparauant.
I’estois assez pres d’eux pour ouyr leurs discours,
& i’eusse voulu en estre bien loin. Quelques-vns
s’estoient desia auancez de parler des desordres
de l’Estat ; mais le Roy leur imposa silence, & leur
dist, qu’il n’estoit là venu que pour se recreer, &
non pas pour parler d’affaires ; qu’il vouloit ioüer
à quelque petit ieu, ou bien que l’on racontast
quelque bonne histoire. Toute la Cour quitta le
serieux à l’instant mesme, & chacun prit vn visage
riant pour luy complaire, la Reine mesme fit voir
que cela luy estoit fort agreable ; il n’y auoit que
le Cardinal qui ne pouuoit faire bonne mine, à
cause de son mauuais jeu. Le Roy se tournant de
son costé, luy dist, Monsieur le Cardinal vous qui
en sçauez tousiours de bonnes, ne nous en direz-vous
point quelque-vne qui soit belle ?
Sire, respondit-il froidement, ie vous en dirois
bien vne, mais ie crains qu’elle ne donne de la terreur
à Vostre Maiesté, tant elle est effroyable. Il