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Mazarinade n° C_9_88

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Anonyme [1649], LE ROY DES FRONDEVRS. ET COMME CETTE DIGNITE est la plus glorieuse de toutes les dignitez de la Terre. Contre le sentiment des esprits du Siecle. , françaisRéférence RIM : M0_3556. Cote locale : C_9_88.


Dieu de l’Vniuers en soit benit iusques à la fin des
siecles. Dauid par le moyen de sa fronde deliure tout
Israël, & nostre genereux Frondeur deliure tout cét
Empire par le moyen de la sienne. Dauid frappa les
Philistins d’vn grand coup, & nostre Frõdeur a frappé
tous nos Tyrans d’vne grande playe. En fin Dauid
deliura la ville de Ceila par le conseil de Dieu, &
nostre Frondeur a deliuré Paris par vne inspiration
toute diuine. Alexandre se porta bien dans des perils
tres-grands sans aucune necessité ; mais nostre
Royal Frondeur ne considera que la necessité publique.
Alexandre vainquit des peuples qui auoient
esté vaincus ; mais nostre redoutable Frondeur a contraint
ceux qui faisoient trembler toute l’Europe à
nous donner vne Paix, que nous n’eussions iamais
euë, sans son assistance. Alexandre combatit contre
de plus grandes armées ; mais nostre Roy des Frondeurs
a combatu contre des peuples plus vaillans &
plus adroits que les autres. Alexandre a fait la guerre
auec six vingts mille soldats ; & nostre Frondeur n’a
iamais eu qu’vne petite poignée de monde. Alexandre
a manqué quelquefois ; mais nostre Frondeur n’a
iamais manqué en façon quelconque. De sorte qu’on
peut dire de luy ce que Probe disoit d’Iphycrates.
Nusquam culpa male rem gessit, semper consilio vicit. Nos
affaires ne se sont iamais portez si bien, que depuis
qu’il en a pris la conduite. Ce grand homme pouruoit
à tous les accidens qui nous pourroient arriuer,
auec vne merueilleuse prudence ; & ainsi par vne vigilance
qui n’en eut iamais de pareille, il nous met à
couuert de la tyrannie de nos ennemis, & de la race
estrangere. Si bien que ie suis en doute à qui donner
le premier rang, ou à sa prudence, ou à son courage.
Il est pourtant si aduisé en toutes ses actions, qu’on ne
sçauroit iamais dire de luy qu’il ait abandonné quelque
chose au hazard, ou à la discretion de son aduersaire.