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Mazarinade n° D_2_14

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Brousse, Jacques [?] [1649], LETTRE D’VN RELIGIEVX, ENVOYÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ, à S. Germain en Laye. Contenant la verité de la vie & mœurs du Cardinal Mazarin: Auec exhortation audit Seigneur Prince d’abandonner son party. , françaisRéférence RIM : M0_1895. Cote locale : D_2_14.


peuple à la presse pour contribuer à la subsistance des armées, & le sang
des pauures estoit employ é à faire rire le Cardinal Mazarin, à la satisfaction
de ses conuoitises, & à prouoquer l’ire de Dieu contre nous : faisant
connoitre à tout le monde qu’il n’a point d’autre Religion que celle de Machiauel ;
que portant la pourpre de l’Eglise Romaine, ce n’est que pour mõtrer
les sanglantes saignées qu’il luy a fait soufrir en Allemagne : Et que
sous l’ombre de ses enseignes il est le plus cruel ennemy qu’elle se puisse figurer.
En effect, quelle vengeance a-il fait tirer des Sacrileges commis contre
le corps de Iesus Christ dans le plus Auguste de nos mysteres ? Au contraire
n’a-il pas tiré les Autheurs des mains de la Iustice pour en empescher
la punition ? N’a-il pas toleré, voire approuué la violence & la fracture
des lieux consacrez pour la retraitte des Vierges, & cela au milieu de
Paris ? Quiconque lira à l’aduenir le Traitté fait en faueur des Suedois &
des Protestans d’Allemagne sous l’appuy de la France au preiudice de l’Eglise,
ne se pourra iamais persuader qu’il soit d’autre conseil & d’autre
esprit, que de celuy d’vn Turc ou d’vn Sarrazin desguisé sous le manteau
d’vn Cardinal. Aussi quelles personnes voit-on aupres de luy pour ses plus
confidens & fidelles. Conseillers que des impies, des libertins & des Athées ?
Qui ne les connoist, dy-ie, pour des gens de sac & de corde, pour des monstres
d’hommes, plus nourris au sang que les Canibales, & dont les conseils,
apres estre gorgez de vin, ne tendent qu’aux meurtres & aux assassins.
Et neantmoins pour feindre d’estre fort Religieux il nous a fait venir d’Italie
les Theatins, qui ces iours derniers attiroient tout le monde par la
curiosité de leurs marionnettes, cependant qu’il minuttoit le carnage &
le sac de Paris, faisoit transporter toutes les nuits vne partie des voleries de
l’Estat qui estoient dans sa maison, & s’estudioit de conduire à chef, comme
il a fait attentat le plus hardy & insolent qui se soit iamais veu dans toutes
nos Histoires. Que s’il falloit parler de son orgueil, il n’en faut point demander
d’autres nouuelles qu’à vous mesmes. N’a il pas eu la temerité de
vous vouloir preceder ? Et dans cette presomption arrogante quelle peine
ne vous a-il point dõnée ? & quelles parties ne vous a-il point dressées sous
la tyrannie du Cardinal de Richelieu ? Qui l’a porté à retenir dans vne captiuité
rigoureuse Monseigneur le Duc de Beaufort, l’vn des Mars de nostre
Siecle, & le Coriphée des vaillans, si vous n’estiez pas ; sinon l’ambition d’auoir
des gardes comme son predecesseur ? trouuant par ce moyen l’artifice
de se faire loger dans le Palais du Roy, afin d’auoir les mesmes gardes que
son Souuerain, pour ne rien dire du lieu & de la disposition de son appartement.
 
De quel crime estoit coupable le Mareschal de la Motte, sinon d’estre
trop genereux & trop incorruptible, pour souffrir, outre sa prison, les fourbes,
les malices & les faussetez des tesmoins qu’on luy a suscitez, afin de luy
rauir l’honneur auec la vie ? N’est-ce pas le Cardinal, pour donner couuerture
à ses voleries propres, en l’accusãt de peculat, & d’auoir derobé à la
Milice ce que luy mesme auoit volé à l’Estat, & enuoyé en Italie & ailleurs ?