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Mazarinade n° B_12_3

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Anonyme [1652], LA CRISE DE MAZARIN SVR SON A DIEV A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_848. Cote locale : B_12_3.


la grandeur n’y la fermeté de mon esleuement.
 
Quel desastre pour moy ; i’ay commis tant d’impietez parmy
les voleries & les violences, pour auoir persecuté les Predicateurs
des veritez les plus Catholiques ; emprisonné les
vns, exilé les autres, & supprimé la plus grande partie par des
moyens effroyables que le Ciel n’auoit encor veu; & que l’enser
a commencé de cognoistre ; I’ay abandonné tous mes
esprits à la malice des-lors que i’ay empesché ses oracles à
crier contre le vice, & à establir les meilleurs mœurs pour le
culte de Dieu : Aussi des-lors l’aduersité a trauersé le cours de
mes desseins, & l’infortune va descharger tous les coups de
la colere sur ma teste pour sa ruine.
Les tesmoignages de la bonté, de l’affection, & de la franchise
des François reprochent mes malices, mes cruatez &
mes fourbres à ma conscience.
Il me souuient que la France a reuelé ma maison à ses despens,
qu’elle ma reuestu de la pourpre en se couurans d’haillons,
& les foudres de Ratican eussent greslé sur ma teste, si
elle n’eust esté à couuert & a l’ombre de ses Lys.
Mais à quel propos, Madame, racontay je toutes ces choses
à la confusion de mon honneur ? Pourquoy me souuiens-je
de tous ces biens-faicts que i’ay si indignemens reconnus ; la
France n’est mal-heureuse que pour auoir nourry vn louueteau
qui la deuore, & esleué vn vipere qui la deschire.
Que seruent au François tant d’Eloge données à ma prudence,
& qui donnnent de l’enuie & de l’admiration à toute
l’Europe ; que leur a seruy la tolerance auec laquelle ils ont
supporté les excez de mon ambition & de ma cruauté l’espace
de tant d’années ; dequoy leur sert tant de complaisance pour
contenter la superbe de ma vanité ; quel aduantage ont acquis
mes amis de tous les perils qu’ils ont encourus pour me conseruer
dans mon Ministere, & quel prix receuront de leurs
playes toutes ces troupes qui ont si souuent combatu pour la
deffence de ma vie ; vne desolation execrable sans remede, vne
ruine espouuentable sans secours, vn esclauages suiuy de mille
douleurs, & vne mort languissant dans vne infinité de misere.

FIN.