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Mazarinade n° B_12_3

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Anonyme [1652], LA CRISE DE MAZARIN SVR SON A DIEV A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_848. Cote locale : B_12_3.


de ma naissance, i’auois surmonté la malice de l’enuie, i’auois
dompté les fureurs de l’enuie, i’auois dompté les fureurs de
de l’arrogance : Ainsi rien n’estoit capable de me rendre malheureux,
hors que de contrecarrer les sentimens que vous
auiez pour vostre peuple. Les souhaits que vous faisiez pour la
paix, & changer les conseils que vous preniez du Ciel, dans
vostre conduite, en des maximes d’vne prudence humaines.
 
Ie me repans, & quoy que ce soit trop tard, plus pour le
bien de la France que pour asseurer mon salut, ce sera tousiours
le meilleur & le plus conforme à mon deuoir, & plus
digne de la grandeur de vostre Maiesté, de vous tesmoigner
mon iuste repentir.
Partant, Madame, consultez auec DIEV, selon iadis vostre
coustume plustot qu’auec moy ce que vous auez a faire, ne
me retenez plus, donnez au plustost vostre consentement à
l’Arrest si iuste qui a esté fait contre moy ; permettez que le fer
qui s’est souillé dans les entrailles de vos suiects se laue
auec les larmes de mes regrets. A quel dessein voulez vous
sauuer la vie à celuy qui n’a pas sçeu conseruer celles des peuples ?
Permettez, permettez que mon esloignement ramene le
calme dans vostre Estat, & que ma fuitte dissipe la tempeste
que l’ay excitée par mon sejour.
Ie sçay que le desordre des peuples est plustost enchantement
du Ciel que l’effect d’aucune malice, lors qu’ils s’esleuent
pour porter leurs plaintes à leurs Souuerains, & s’opposer à
l’oppression & tyrannie de leurs fauoris : C’est pourquoy ie
conjure vostre Majesté de ne me pas priuer de l’aduantage
que i’espere de ma retraitte & du succez fauorable que i’attens
de mon heureux repentir.
Ne refusez cette grace à mes desirs, mes demerites excuseront
vos bontez, & la iustice qui se doit mesme exercer enuers
les Souuerains, ne doit pas exempter leur fauoris. La foudre
donne aussi bien sur les Lauriers, & les Cedres que sur les ronces
& les buissons, les peines duës aux forfaits ne doiuent
point estre changées par la distiction des grades n’y des personne.
Le Ciel absoudra vostre conscience de la protection
que Vostre Majesté m’a iuré, & au lieu quelle se ressente obligée