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Mazarinade n° B_12_3

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Anonyme [1652], LA CRISE DE MAZARIN SVR SON A DIEV A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_848. Cote locale : B_12_3.


à mon salut, ie souhaitte qu’elle ne soit qu’à ma perte
puis qu’elle sert à la traquilité de la France.
 
Ie ne suis plus Ministres, parce que les Ministres sont esleus
comme les sujets les plus dignes en prudence & en felicité
pour regir & commander les autres. Ie ne suis plus Cardinal,
car la pieté d’vn Cardinal qui ne doit s’employer que pour la
gloire de l’Eglise, & de la paix de la Chrestienté ; n’eust peu
s’emporter à des intrigues si detestables que de rompre la Paix
entre les Couronnes Chrestiennes, porter les armes du Turc
contre les Chrestiens, pousser les peuples à faire mourir leurs
Roys legitimes auec infamie sur les eschaffauts, mettre le feu
de la diuision dans l’Italie, fausser la foy à des personnes qui
se sont precipitez dans les reuoltes à mes persuasions, & entreprendre
vne guerre contre le Sainct Pere, sous pretexte
d’estendre les bornes de la France.
Quelles doutes, Madame, sçauriez-vous auoir de ma Confession
& de ma confusion qui s’est renduë visible enuers les
estrangers, quelles reigles auez-vous trouué dans ma prudence
qui s’est laissée precipiter aux appetits de mon auarice &
de mon ambition ? qu’elles bornes ay-je donné à ma temperance,
confondant mes conseils parmy les dissolutions & diuersitez
de nouueaux mets dans mes banquets ? quel exemple
ay-je donné de ma iustice qui ay-je tué sans raison & sans procedure,
par le venin les meilleurs membres de vostre Auguste
Parlement, & auec vne humeur tyrannique emprisonné les
Princes, despoüillé de leurs Charges & de leurs Gouuernements
les plus fidels & anciens Seruiteurs du Roy,
Sus donc, Madame, consignez moy entre les mains de la
douleur & du repentir : donnez à d’autre ce Ministere,mettez
ce gouuernail en d’autres mains ; ma Pourpre me remet en
memoire & me reproche auec de trop iustes raisons le sang de
tant d’innocens qui s’est respandu pour mon occasion : Cette
intendence du gouuernement de vos enfans ne conuient plus
à vn mal-heureux, & estimé ennemy du Roy, & de l’Estat.
Que la clemence qui vous est naturelle se change en rigueur
contre mes crimes ; & que la pieté en laquelle vous auez esté
si heureusement esleuée se tourne en diuision contre mes forfaits,