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Mazarinade n° C_8_40

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Laffemas, abbé Laurent de [?] [1649], LE RABAIS DV PAIN. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_2957. Cote locale : C_8_40.



Si nous ne faisons de sortie
Ma foy ie perdrons la partie.
Alors d’vn iugement plus bien,
Ie luy dis que tout iroit bien,
Et que la Reyne en cette affaire
Reprenoit l’humeur debonnaire
Puis qu’elle perdoit le dessein
De nous faire creuer de faim.
Car pourueu que le pain ramande
Paris est vne ville grande
Qui se moquera des efforts
Des ennemis qui sont dehors,
Nous en serons tousiours les maistres
Plutost que des mouchards, des traistres,
Qui sont tous les iours parmy nous,
Plus dangereux que les filoux.
La seine riuiere agreable
N’estoit que fort peu nauigable
Non à la verité faute d’eau
Non plus que faute de bateau
Mais parce qu’vn ordre seuere
La Reyne estant en colere
Empeschoit qu’il n’en vint pas vn
Ny de Corbeil, ny de Melun.
Or graces à la mesme Reyne
Les bateaux voguent sur la Seine,
Et l’vzurier de boulanger
Voyant qu’il vient dequoy manger
Enrage de donner pour viure
Du pain blanc à deux sols la liure,
Il ne veut plus cuire de pain
Parce qu’il y fait moins de gain
Et fasché contre l’abondance
Voudroit remettre l’indigence.
Mais ie luy donne vn bon conseil
C’est de faire vn prompt appareil
De quelques brasses de ficelle,
Pour se mettre non sous l’aisselle
Mais tout alentour de son col,
Auant que donner pour vn sol
Le pain qu’il vendoit plus de quatre,
Au Diable soit l’acariastre.
 

FIN.