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Mazarinade n° D_2_9

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : D_2_9.


funestes de dessus vos yeux, afin de faire voir à vostre Majesté
auec horreur, la condition mal-heureuse, & pire que celle
des chiens ou sont reduits les Sujets du Roy & les siens.
Persõne, Madame, nà iamais douté de la pieté de vostre Majesté,
Elle en à donné & donne incessemment des tesmoignages trop
sensibles : Nous sçauons qu elle à la conscience timorée : que la
seule o nbre du peché veniel luy fait peur : Et par ainsi que ces extrémes
malheurs qui commencent auec tant de barbaric, & qui
ne sont pas prests de prẽdre fin, si Dieu par sa misericorde ny met
la main, ne sçauroient prẽdre leur source dãs le cœur tout deuot
de vôtre Majesté, que de la mauuaise impressiõ que luy en peuuẽt
auoit fait des Theologiens Mahometans, non pas Euangeliques.
 
On le dit, Madame, & nous le tenons comme article de creance,
tant nous sommes affermis dans les bons sentimens que nous
auons de ceux de vostre Majesté. quil s’est trouué des personnes
si esloignées des loix du Christianisme, & si peruerties de iugement,
qu elles ont bien ose luy persuader, que non seulemẽt elle
pouuoit, mais quelle deuoit traiter Paris, le Parlement & toute
la France, auec la rigueur sans exemple dont nous voyons les
estranges commencemens quil y alloit de son honneur & de sa
conscience, aussi bien que de la grandeur du Roy, donc elle doit
maintenir & conseruer l’authorité : que c estoit vne rebelliõ formée
qui falloit punir à peine d’en estre responsable deuant Dieu
& deuant les hommes : Et que dans l excez & la suitte de cette
vengance, il ny auoit pas pour vostre Majesté, matiere de pechè
veniel.
O Dieu ! ô Sauueur ! ô Sang adorable respandu en la Croix ! ô
Corps sacré immolé tous les iours sur nos Autels ! Se peut-il bien
faire que parmy ceux qui sõt destinez au ministere d’vn si auguste
sacrifice, il s’en trouue : dõt les pensées soiẽt si sacrileges ? qu’apres
vous auoir preste leurs mains, & leur bouche pour offrir vostre
corps en victime agreable à vostre Pere, ils les prestent en suitte à
Satan, pour se faire des victimes sanglantes de vos enfans ? Que
la mesme langue qui nous à seruy d’instrumẽt pour former vostre
corps, serue d’instrument au demon, pour inspirer dans l’esprit
d’vne si vertueuse Princesse des sentimens si barbares ? Et que
vostre chair viuante & vostre sang tout boüillant, puissent compatir
auec eux dans vn mesme cœur, des maximes si cruelles, & si
inoüyes.