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Mazarinade n° C_7_3

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : C_7_3.


l’effort & l’excez de ses souffrances, luy qui proteste de precipiter
en Enfer, ceux qui leur auront refusé du pain en leur necessité ?
 
Ah ! Madame, ce ne sont pas les maximes de l’Euangile ! Et il
est bien estrange, qu’au mesme-temps, que tout Paris est prosterné
dans les Eglises, en la presence de Iesus-Christ, exposé sur les Autels,
pour demander à Dieu la conseruation de vostre Majesté,
& la prolongation de sa vie, vous defendiez sous peine de la vie,
de leur rien apporter ; afin que dans huict iours vous offriez à la
mort, vne Hostie de quatre cent mille vies ! Cependant qu’ils
crient à Dieu, du plus profond de leur ame, qu’il conserue le Roy,
vous prononcez l’Arrest pour la leur rauir, par le plus cruel Tyran
de la vie, qui est la faim, Vous demandez leur mort, cependant
qu’ils ne souspirent que pour vostre vie. Vous appellez les Estrangers
pour les opprimer, sçachant bien que les vrais François n’auroient
pas assez de cœur pour se souler du sang de leurs compatriottes,
auec tant d’inhumanité, cependant qu’ils prouocquent
les Anges de vous estre fauorables. Et vous mettez les armes en
la main de la colere, du despit, de la perfidie, de l’auarice & de
l’interest, pour couper les testes & les mains, qui sont éleuées vers
le Ciel, afin d’implorer son secours pour la santé du Roy, pour la
prosperité de ses armes contre ses ennemis, pour le repos & la tranquillité
de son Estat, & pour l’heureux succez de vostre Regence.
Ainsi faisant vn crime de leurs vœux, & vne impieté de leurs prieres,
vous changez les loüanges qu’ils meritent en injures, les recompenses
honorables en suplices : & comme si ce n’estoit pas assez
de leur oster la vie, vous voudriez leur rauir l’honneur & la
conscience si vous pouuiez, en les faisant passer pour rebelles &
factieux, & tout cela auec Iustice, & sans apprehension d’effencer,
non pas mesme veniellement.
Ie supplierois volontiers vostre Majesté, Madame, qu’elle demandast
à ces Casuistes admirables, l’explication & l’intelligence
de l’histoire tragique de Naboth ; qu’ils luy rapportassent auec fidelité,
quel en estoit le sujet, quels en furent les Acteurs, le commencement,
le progrez, la fin & la suitte, ainsi que nous l’apprenons
de l’Escriture saincte. Naboth auoit vne vigne qui luy appartenoit,
& non pas au Roy : Les François ont des biens qui leur
appartiennent, & non pas à leur Prince, quoy que veüillent dire
les faux Ministres, & le s perfides Partisans. Le Roy voulut auoir