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Mazarinade n° A_2_32

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : A_2_32.


d’innocens fussent inutilement respanduës : que les vœux qu’ils
font incessamment prosternez à ses pieds deuant l’Autel seroient
exaucez : qu’il romproit les charmes, dont ses ennemis & ceux de
l’Estat ont enchanté vostre Majesté, & osteroit ces cataractes funestes
de dessus vos yeux, afin de faire voir à vostre Majesté auec
horreur, la condition mal-heureuse, & pire que celle des chiens,
où sont reduits les Sujets du Roy & les siens.
 
Personne, Madame, n’a iamais douté de la pieté de vostre Majesté :
Elle en a donné & donne incessamment des tesmoignages
trop sensibles : Nous sçauons qu’elle a la conscience timorée : que
la seule ombre du peché veniel luy fait peur : Et par ainsi que ces
extremes malheurs qui commencent auec tant de barbarie, & qui
ne sont pas prests de prendre fin, si Dieu par sa misericorde n’y met
la main, ne sçauroient prendre leur source dans le cœur tout deuot
de vostre Majesté, que de la mauuaise impression que luy en peuuent
auoir fait des Theologiens Mahumetans non pas Euangeliques.
On le dit, Madame, & nous le tenons comme article de creance,
tant nous sommes affermis dans les bons sentimens que nous
auons de ceux de vostre Majesté ; qu’il s’est trouué des personnes si
esloignées des loix du Christianisme, & si peruerties de iugement,
qu’elles ont bien osé luy persuader, que non seulement elle pouuoit,
mais qu’elle deuoit traitter Paris, le Parlement, & toute la France,
auec la rigueur sans exemple, dont nous voyons les estranges
commencemens : qu’il y alloit de son honneur & de sa conscience,
aussi bien que de la grandeur du Roy, dont elle doit maintenir
& conseruer l’authorité : que c’estoit vne rebellion formée qu’il
falloit punir, à peine d’en estre responsable deuant Dieu & deuant
les hommes : Et que dans l’excez & la suitte de cette vangeance, il
n’y auoit pas pour vostre Majesté, matiere de peché veniel.
O Dieu ! ô Sauueur ! ô Sang adorable respandu en la Croix ! ô
Corps sacré immolé tous les iours sur nos Autels ! Se peut-il bien
faire que parmy ceux qui sont destinez au ministere d’vn si auguste
sacrifice, il s’en trouue, dont les pensées soient si sacrileges ? qu’apres
vous auoir presté leurs mains, & leur bouche pour offrir vostre
corps en victime agreable à vostre Pere, ils les prestent en suitte
à Satan, pour se faire des victimes sanglantes de vos enfans ?
Que la mesme langue qui vous a serui d’instrument pour former