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Mazarinade n° E_1_127

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : E_1_127.


le nom du Roy, & vostre authorité ?
 
Mais on les a prises ? Ouy. Mais quand ? Lors qu’on s’est veu
assailly par le fer, le feu, le sang & la faim, les plus extraordinaires
& cruels ennemis de la vie des hommes. Lors qu’on s’est veu
assiegé de tous costez, par des demons, non par des hommes.
Lors qu’on a veu les Allemans & les Polonois voler, violer, &
piller plus cruellement qu’en vn pays de conqueste. Lors qu’on a
entendu publier les deffenses, d’apporter à Paris aucuns viures,
sur peine de la vie. Lors qu’on a veu les villages pillez & desolez,
pour marque de ce que l’on preparoit aux Parisiens. Mais
encore qu’a-on fait auec armes ? On a tasché à se conseruer de la
surprise, & d’vn pillage general. A se garentir des coureurs, qui
viennent voler iusques dedans les portes. Et si l’on s’est auancé
plus auant, ç’a esté pour aller chercher du pain, afin que les pauures
ne mourussent pas de faim, encore ne l’a-on peu auoir qu’au
prix de beaucoup de sang. Et voila, Madame, ce que ces sçauans
en la Theologie de Machiauel, veulent faire passer dans l’esprit de
vostre Majesté pour rebellion, dont Dieu, qui voit tout, & qui
penettre les cœurs, sera en fin le Iuge, & prendra le party de la
Iustice ; comme non seulement Paris, mais toute la France l’en
supplie, auec des larmes & des gemissemens.
Mais si le Parlement, si Paris, est rebelle, qu’est-ce que les habitans
de la campagne ont fait à vostre Majesté ? Dequoy sont coulpables
les pauures villageois, que l’on a mis en chemise & à la besace,
ne leur laissant pas seulement de la paille pour coucher, ny
des portes à leurs maisons, pour se deffendre de la rigueur de l’Hyuer ?
Hé, l’oseray-ie dire à vostre Majesté ? & le pourra-elle bien
entendre, sans mourir de douleur ? De quel crime estoient coulpables
les femmes & les filles des villages conuoisins, que pour
l’expier, il ait fallu les exposer à la barbarie des Soldats pour estre
violées ? Qu’on les aye veu rauies d’entre les bras de leur Pasteur,
où elles s’estoient refugiées, traisnées dans l’Eglise ; & la leur
pudeur & leur virginité prostituée, en la presence de Iesus Christ
au Sainct Sacrement de l’Autel, afin de ioindre le sacrilege, au
rauissement, & faire voir qu’on n’est pas moins ennemy de Dieu
que des hommes ? Oseray-ie encore faire vne demande ? Quel
tort auoit receu vostre Maiesté des Eglises, pour en punition
estre exposées au pillage ; iusqu’aux nappes, aux Croix, aux