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Mazarinade n° C_7_44

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Anonyme [1649 [?]], DISCOVRS SVR LA DEPVTATION DV PARLEMENT, A Mr le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_1147. Cote locale : C_7_44.


mal-traite ceux qui ont attiré sur eux les maux qu’on leur
fait endurer pour auoir embrassé sa querelle. Il permet que
l’on viole à ses yeux les articles d’vne Paix si solemnellement
iurée, & il se persuade cependant que la tempeste ne retombera
pas dessus luy, comme si les Ministres ne conseruoient
pas dans leur cœur vne haine enragée contre vne
Compagnie qui est capable d’estre vn obstacle perpetuel à
leur dessein, & qui les auroit perdus en cette derniere occasion,
si elle eust poussé auec vigueur le conseil qu’elle auoit si
genereusement projetté. C’est dailleurs vn aueuglement
prodigieux, que de s’imaginer que quand la tyrannie des
Ministres sera establie, qu’ils ne se ressouuiennent plus que
le Parlement a eû des Princes Generaux d’armée, qui ont
commandé sous ses Ordres ; car outre que s’il faut iuger de
l’aduenir par le passé, nous auons veu que les Ministres ne
sont pas si sages pour oublier leurs ressentimens de vengeance
qu’ils ont des-ja de la peine de dissimuler, (ce qui fait voir
en passant la foiblesse de leur esprit, & de leur conduitte d’estre
touchez des passions vulgaires.) dont celuy qui se mesle
du gouuernement doit estre exempt selon les regles de la
Politique.
 
Mais quand les Ministres oublieroient le passé, ce que ie
ne crois pas, c’est encor vne remarque fondée sur des exemples
des histoires anciennes que le gouuernement violent &
tyrannique, exerce ses premiers efforts sur ceux qui luy sont
plus proches, & qui ont plus de droict & de pouuoir de luy
resister. La raison est, que cette sorte de gouuernement ne se
peut establir parfaittement, tant qu’il reste quelqu’vn qui a
droict de resister au progrez du mal, parce que cette puissance
illegitime est retardée ou par la pudeur, ou par la crainte,
qu’elle ne le destruise par des entreprises trop hardies. C’est
donc pour cela qu’elle n’a point de sujet de souffrir qu’il y
ait quelque obstacle qu’on puisse opposer à ses excez.
Qui peut douter donc apres cela, qu’en fort peu de temps
le Parlement ne soit l’object de la persecution des Ministres,
& qu’ayant destaché les peuples, s’il leur est possible, de l’amour