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Mazarinade n° A_2_30

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Anonyme [1649 [?]], DISCOVRS SVR LA DEPVTATION DV PARLEMENT, A Mr. le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_1147. Cote locale : A_2_30.


l’auoit iamais pratiquée enuers les Princes du Sang. D’ailleurs,
le traittement cruel que Paris a receu de ce Prince, ne
luy auoit pas merité cét honneur. Certes, il n’estoit pas iuste
qu’il receust des tesmoignages de nostre amour, & de nostre
estime, pour auoir entrepris de perdre la Ville Capitale
du Royaume, que l’Histoire marquera sans doute auec vn
reproche eternel contre sa memoire. Ouy, ce dessein furieux
flestrit cette haute reputation qu’il auoit acquise, & comme
la gloire des batailles gagnées se partage auec la conduite
des Chefs, la valeur des Soldats, & auec la Fortune qui y
preside le plus souuent, la Posterité jugera sans doute des
moyens & des qualitez de ce Prince, par l’action la plus remarquable
de sa vie. Et quand elle verra que pendant la minorité
de son Roy il a voulu ruiner Paris, qui est non seulement
l’ornement, mais l’abregé de tout le Royaume ; elle
lira auec horreur vne entreprise si detestable, & considerera
ce Prince comme vn Monstre, né pour la ruine & la desolation
de son Païs.
 
Mais quelle honte sera-ce au Parlement, dont on sçait que
le soing se doit employer à punir les violences publiques,
d’auoir non seulement dissimulé par leur silence ce qui seroit
encor tolerable pour le bien de la Paix ; mais d’auoir honoré
l’Autheur de tant de maux d’vne Deputation qui ne
luy estoit point deuë, quand il seroit mesme reuenu tout
couuert de Lauriers gaignés sur les anciens Ennemis de cette
Couronne ? N’est ce pas decerner le Triomphe à celuy qui
n’a pas esté le vainqueur ? mais le flambeau fatal d’vne guerre
Ciuille qu’il auoit allumée, & cette prostitution ne marque
elle pas la foiblesse d’vn corps qu’il falloit par prudence
cacher à ceux qui ne cherchent que l’occasion d’abbattre ce
qui luy reste d’authorité ?
Les Peuples voisins loüoient autresfois le gouuernement
de la Frãce ; parce que la puissance Royalle, disoient ils, y est
temperée par l’authorité des Parlemens, lesquels encor bien
qu’ils tirent leur pouuoir de celuy que le Roy leur communique,
tout ainsi que les Astres empruntent leur lumiere de